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Débitans, distillateurs, courtiers, toute une série d’individus et de sociétés, qui consacrent leur activité à cette industrie et à ce commerce seraient condamnés à disparaître ou à ne plus gagner leur vie.

Admettons un instant que les revenus du monopole atteignent, sinon le milliard prédit par M. Alglave, du moins les 694 millions que M. Guillemet, plus modeste, nous annonce dans l’exposé des motifs du projet de loi déposé à la Chambre le 19 janvier 1897. Nous devrons mettre en regard la disparition des recettes suivantes dont l’institution du monopole entraîne la suppression :

Droits sur les boissons (d’après le budget de 1898).


Vins, cidres, poirés, hydromels 170 millions
Bières 24 —
Alcool 269 —
Licences 14 —
Droits sur alcool et licences en Algérie. 6 —
Octrois (produit brut en 1894).


Vin 81 —
Cidre 4 —
Alcool 30 —
Bière 17 —
Autres liquides 2 —
TOTAL 617 —

Le bénéfice, de l’aveu même de l’auteur du projet, n’atteindrait donc pas 80 millions (694 moins 617). Et encore est-il probable que les évaluations devraient être notablement réduites, à cause de la fraude et de la diminution de consommation qu’amènerait l’élévation énorme de prix. M. Guillemet propose en effet de le porter à 500 francs par hectolitre d’alcool industriel et à 400 francs par hectolitre d’alcool de vin.


IV

En vérité, devons-nous nous résigner à reconnaître, avec certains philosophes chagrins, que l’histoire est un éternel recommencement ? N’avons-nous pas assez de l’expérience d’autrui et de la nôtre propre pour savoir ce que donnent les monopoles ? Nous avons cependant sous les yeux les résultats qu’a produits chez nous