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Comment secouer la torpeur de cette commission, lui donner plus de zèle et de vie ?

D’abord, comment est-elle aujourd’hui composée ? En province, pour chaque arrondissement, du président du tribunal civil, des juges de paix et des conseillers généraux ; à Paris, pour chaque arrondissement, du président du tribunal, du juge de paix, du maire, des quatre conseillers municipaux.

Pourquoi ne pas introduire dans cette assemblée plus d’élémens divers ? la faire plus variée pour qu’elle soit plus active et plus vivante ?

C’est avec la pensée très sage de sauver le jury de la politique que Dufaure avait donné dans ses commissions la prépondérance à l’élément judiciaire, mais il nous faut aujourd’hui faire un pas de plus en avant. Un magistrat doit en effet présider ces réunions, en bannir la politique, y enseigner la loi, exclure les indignes ; mais là se borne évidemment son rôle, qui est tout de contrôle et de pondération. Il n’a point de compétence particulière pour prendre l’initiative de choix heureux et variés. Adjoignons-lui donc de véritables agens de désignation. Mais lesquels ? Nous avons repoussé tout à l’heure, dans la confection de la liste générale, le système des catégories, qui enfermait l’aptitude légale au jury dans des groupes arbitrairement choisis. Mais ici, dans ce travail de sélection dernière, il y aurait peut-être lieu de trouver une application intelligente de l’idée fondamentale de ce système. En effet, pourquoi diverses catégories sociales, dont la représentation dans le jury est indispensable, n’auraient-elles pas des délégués spéciaux dans la deuxième commission ?

Pourquoi par exemple n’y ferait-on pas entrer un membre de l’Université qui présenterait une liste de professeurs ? les présidens du Tribunal et de la Chambre de commerce qui présenteraient des noms de commerçans ? Pourquoi enfin n’y pas admettre le président et le vice-président du Conseil des prud’hommes, dont l’un est patron et l’autre ouvrier, et qui désigneraient quelques-uns de leurs pairs ?

Parmi les noms proposés par ces diverses personnes, dont la variété apporterait à la commission un élément d’intérêt et de vie, on pourrait facilement faire des choix brillans et solides, qui, s’ajoutant dans la proportion d’un quart à la liste de présentation, viendraient élever le niveau de la liste définitive.

Dira-t-on que cette commission de sélection, facile à composer