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que l’épaule droite découverte indique que le personnage avait le bras nu. Zénobie quelquefois paraissait ainsi ; mais ce n’était pas pour elle un privilège.

Les monumens de Palmyre ne furent pas irrémédiablement détruits. Aurélien lui-même pourvut, en partie du moins, à leur conservation. Après que ses soldats eurent massacré la plupart des habitans, l’empereur commanda que l’on épargnât ceux qui restaient, disant qu’ils devaient être corrigés par la vue de tant de supplices. Et il ajouta : « Je veux qu’on rétablisse dans son ancienne beauté le temple du Soleil pillé par le porte-aigle de la troisième légion, par le porte enseigne, les draconaires, et par ceux qui sonnent du cor et du clairon. Vous avez 300 livres d’or et 1,800 livres d’argent provenant du trésor de Zénobie et des biens des Palmyréniens. Faites servir ces richesses à l’ornement du temple : vous ferez une chose agréable au dieu et à moi-même. » En effet, il s’agissait d’une divinité pour laquelle Aurélien avait, dès son enfance, une dévotion particulière et à laquelle il se croyait redevable de ses victoires.

La situation commerciale et stratégique de Palmyre était trop avantageuse pour que la ville fût abandonnée. Quelques empereurs y ont laissé des traces. Mais, avec Zénobie, finit l’histoire et la légende de Palmyre.


II

Palmyre était située dans une oasis au milieu du désert de Syrie. Ce lieu, en langue araméenne, se nommait Tadmor, le pays des palmes, nom qu’il conserve encore et dont Palmyre n’est que la traduction grecque. Au témoignage de l’historien Flavius Josèphe, la ville aurait été fondée par Salomon, et c’est d’ailleurs ce que dit le livre des Paralipomènes, dont l’autorité paraît aujourd’hui contestée. Quoi qu’il en soit, dès la plus haute antiquité, Tadmor, avec ses eaux, servait de station aux caravanes et d’entrepôt aux marchandises qui circulaient entre la Mésopotamie et la Phénicie. Plusieurs routes s’y croisaient, celles qui venaient des pays qui furent plus tard la Syrie supérieure et la Cœlé-Syrie, et celles qui partaient de différentes cités riveraines de l’Euphrate, depuis Sura jusqu’à Babylone. Sans doute Salomon aurait eu intérêt à occuper cette position et à la fortifier. On devait percevoir un droit considérable sur le transit qui s’y opérait. On