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comprend aussi que Nabuchodonosor II, dans ses campagnes contre l’Égypte et la Judée, n’ait pas voulu laisser derrière lui une place ennemie et que, pour assurer sa route, il se soit emparé de Tadmor et qu’il l’ait détruite. Il aurait renversé ses murailles, sans doute puissantes et construites, à la manière phénicienne, avec de grands blocs de pierre que les carrières voisines avaient fournies. Peut-être en retrouverait-on les vestiges sous l’enceinte plus récente dont les restes existent encore. Mais, à tout prendre, il paraît certain que, dans ces temps reculés, l’oasis n’a jamais cessé d’avoir population et richesse.

Cependant, malgré son importance, il est peu de pays dont il soit moins parlé dans l’histoire. Après le passage très bref et contesté des Paralipomènes, il faut, ce semble, aller jusqu’à Pline l’Ancien pour trouver un texte où il soit fait mention de Palmyre. C’est, dit l’auteur latin, une ville célèbre par sa situation, la richesse de son sol et ses eaux agréables. Entourée de sable et ainsi séparée du reste de la terre, elle est indépendante entre les grands empires des Romains et des Parthes, dont elle attire immédiatement l’attention en cas de guerre. Elle est éloignée de la côte syrienne la plus proche de 203 000 pas, et de Damas de 176 000. Telle était, au commencement de notre ère, l’idée que l’on avait de Palmyre : c’était une sorte d’île heureuse au milieu du désert et une position stratégique ; c’était une ville libre. Mais, dans les siècles précédens, elle avait fait partie du royaume des Séleucides. L’action d’Alexandre ne s’était qu’imparfaitement étendue sur la partie de la Syrie qui confine à la péninsule arabique. Le conquérant macédonien, en se dirigeant sur la Mésopotamie, n’avait pas pris la route de Palmyre ; il était allé, plus au nord, traverser l’Euphrate à Thapsacus. Il voulait remonter vers Ninive, où il pensait combattre de nouveau Darius ; son objectif n’était pas Babylone. On sait que, lorsqu’il y fut venu à son retour de l’Inde, il avait formé le dessein de conquérir tout le désert qui sépare la Chaldée de la Cœlé-Syrie, depuis Thapsacus jusqu’à la mer Rouge. Cette vaste contrée était alors, comme aujourd’hui, parcourue par des tribus arabes qui y gênaient le commerce. Alexandre projetait d’obliger ces nomades à une vie sédentaire et de fonder au milieu d’eux des colonies et des villes. Dans ces conditions les marchandises qui, de l’Inde et de l’Arabie, arrivaient à Babylone par le golfe Persique, eussent trouvé un débouché facile en Syrie et surtout en Égypte. Sans doute Palmyre,