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conserve. Ici les colonnes ont plus de 16 mètres d’élévation. C’est parmi ces prodigieux débris que les Arabes ont bâti leurs demeures ; la mosquée occupe une partie de l’immense cella.

Quand on quitte le temple, on en traverse le vestibule, sorte d’avant-corps porté par huit colonnes, et, après avoir descendu l’escalier de son soubassement, on se retrouve sur la place où est la maison du cheik avec celle de M. Bertone. De là, en se dirigeant vers l’angle nord-est de l’enceinte sacrée, on arrive en face d’un grand arc de triomphe. Ses trois arcades sont intactes et s’ouvrent sur une voie monumentale bordée à droite et à gauche de portiques soutenus par des colonnes dont un nombre considérable est encore debout. Cette large avenue va jusqu’à l’extrémité de la ville et rejoint, par un coude, la porte que nous appelons la porte de Damas. Elle a plus de 1 100 mètres et partage Palmyre dans presque toute son étendue. Elle en est comme l’axe, et nous pouvons considérer successivement les ruines qui apparaissent sur chacun de ses côtés.

Si donc on part de l’arc de triomphe et si l’on prend à gauche, on voit d’abord les restes d’un édifice en bordure sur la place ; c’était probablement le sénat ou quelque autre lieu de réunion publique. Ensuite, et réunis en un groupe, viennent les débris de deux monumens superbes. C’est d’abord un théâtre dont le mur de fond et la scène, parallèles à la rue centrale, existent encore. En avant et sur un plan demi-circulaire se développe la partie réservée aux spectateurs avec ses gradins ; elle est très visible, ainsi que la double colonnade qui l’enveloppe. Au fond de cet hémicycle se trouve un passage qui, se retournant vers le couchant, rejoint l’autre construction : un palais magnifique. Selon toute vraisemblance, c’était le palais royal, la demeure d’Odeynath et de Zénobie. Comme le théâtre, il s’étend vers la rue maîtresse et y aboutit. A distance, et toujours en allant à l’ouest, une sorte de galerie paraît limiter, de ce côté, l’enceinte du palais ; et en avant de cet ensemble, un vestibule orné de dix-huit colonnes s’étend le long de la grande avenue et y prend ses accès. Puis la ville proprement dite commence avec ses habitations privées et remplit l’espace compris entre le long portique et les remparts.

La partie de droite n’est pas moins riche. Mais avant de la parcourir, il faut se mettre en règle avec un quartier non desservi par la voie principale, mais, ce semble, par un tronçon qui s’y rattachait et conduisait à une porte orientale qui eût été