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mots ; notre pays, comme beaucoup d’autres qui ont suivi son exemple, s’est bercé de l’espoir qu’il suffirait d’un régime douanier ou de quelque système nouveau pour le guérir ; il n’y a pas de système qui puisse résister aux envahissemens qui nous menacent ; nos efforts seuls y parviendront, à la condition que nous ayons vu le danger en face, et que nous n’ayons plus d’espoir qu’en notre énergie ; à la condition aussi de nous élever à la hauteur du péril, au-dessus des querelles d’écoles et de partis. Le libre-échange et la protection ont fait leurs preuves ; la protection n’a été qu’un palliatif, un moyen de gagner du temps et non un moyen de salut. Le bimétallisme n’est pas près de mettre d’accord les nations du monde ; et cet accord réalisé suffirait-il à relever le prix du travail européen ? Reste le collectivisme qui nous achèverait, s’il sortait jamais du domaine des plaintes et des rêves. Le remède est donc en nous-mêmes. La France n’est pas plus atteinte que ses voisins par la révolution économique ; elle a des ressources plus rares, plus variées ; rendons-lui ses moyens naturels de résistance, épargnons-lui des dépenses superflues de forces, des piétinemens, des complications qui l’épuisent ; changeons son hygiène, simplifions sa vie et elle retrouvera sa vigueur, ses succès. Nous la maintenons dans un état d’infériorité volontaire, et nous lui demandons de résister à la concurrence ! Aux efforts de nos rivaux nous n’opposons pas nos ressources, nous opposons des forces paralysées par l’excès de notre routine et de nos impôts.


D’ESTOURNELLES DE CONSTANT.