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dans cette attitude par une puissance qu’on ne nommait pas, mais qui ne pouvait être que l’Allemagne, et le gouvernement allemand s’est si bien senti désigné par la rumeur générale qu’il a jugé à propos de se défendre dans une note officieuse communiquée aux journaux. Le principal, ou, pour mieux dire, le seul argument qu’il donne pour faire croire à son parfait accord avec les autres puissances est que son intérêt est là. Soit ! Lord Salisbury déclare à son tour que toutes les puissances agissent loyalement de concert, et il faut le croire. Pourtant, il fait un retour en arrière ; il se rappelle qu’en 1878, dans des circonstances qui ressemblaient par quelques points à celles d’aujourd’hui et qui en différaient par d’autres, les négociations avec la Porte avaient une tout autre allure et marchaient d’un pas singulièrement plus rapide. Sans doute, une armée russe s’était arrêtée aux portes de Constantinople ; elle n’avait qu’à faire un pas de plus pour heurter les murs de Sainte-Sophie, et cette menace suffisait pour amener le gouvernement turc à composition. Mais, dit-il en outre, « le prince de Bismarck présidait à Berlin : s’il présidait encore, les choses iraient différemment. » S’il est vrai que l’empereur Guillaume soit disposé à donner une revanche au parti bismarckien, on voit qu’il a des alliés très empressés à l’étranger. Peut-être ne les cherchait-il pas. Peut-être s’en serait-il passé. A trop se rapprocher de la politique de M. de Bismarck, on risque de réveiller des souvenirs et de faire naître des comparaisons : l’empereur y a-t-il suffisamment songé ?


FRANCIS CHARMES.

Le Directeur-gérant, F. BRUNETIERE.