Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’indépendance de l’éducation du clergé et pour la liberté du ministère pastoral.

Cependant, flatté des procédés courtois du prince de Bismarck et du langage d’une partie de la presse allemande, le Pape laissa entendre, à la fin de mars, à M. de Schlœzer, qu’il ferait des concessions à propos de l’Anzeigepflicht, c’est-à-dire de l’obligation pour les évêques d’obtenir l’agrément de l’Etat pour les nominations aux emplois ecclésiastiques, afin de faciliter l’œuvre de rapprochement poursuivie à la Chambre des seigneurs, à Berlin, par l’évêque de Fulda, Mgr Kopp, aujourd’hui cardinal et prince-évêque de Breslau. Mais, dans la pensée de Léon XIII, l’Anzeigepflicht ne devait être concédé par lui, si la nouvelle loi religieuse était votée avec les amendemens réclamés par Mgr Kopp, que pour les nominations des curés dans les paroisses alors vacantes. Quant à la reconnaissance définitive du droit réclamé par l’autorité civile de recevoir avis de tous les choix faits par les évêques, en vue de pourvoir à l’administration spirituelle des paroisses, le Saint-Siège estimait que ce ne pouvait être là en quelque sorte que le prix d’une nouvelle amélioration du pénible état de choses que le dernier projet de loi ne modifiait qu’en partie. L’objectif poursuivi par la chancellerie pontificale était le rétablissement de la situation antérieure à 1872, le Pape ne voulant pas se priver du seul moyen qui lui restait d’empêcher le complet asservissement de l’Eglise en Allemagne.

Le 21 mai 1886, le roi de Prusse décrétait une loi en quinze articles qui abrogeait un certain nombre de dispositions des lois antérieures, dites Maigesetze, et datant pour la plupart des années 1873, 1874, 1875. Il s’en fallait de beaucoup cependant que la situation fût tout à fait retournée et l’Eglise remise en possession des prérogatives considérables dont la Constitution de 1830 lui avait naguère assuré la jouissance. Ainsi, les congrégations religieuses n’obtenaient, par la loi du 21 mai, que des avantages très minces. L’article 13 restreignait en effet leur action aux orphelinats, aux maisons des pauvres, aux instituts de vigilance (Rettungshaüser), aux asiles et aux maisons de protection pour les personnes dont la moralité est en péril, aux colonies ouvrières, aux instituts pour les malades, aux maisons d’hospitalité pour les ouvriers, aux asiles pour les servantes, ainsi qu’à la direction et à l’instruction dans les écoles de ménage, aux écoles de main-d’œuvre pour les enfans n’ayant pas atteint l’âge scolaire. Tout