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cela était réservé comme travail secondaire aux congrégations exclusivement vouées aux soins des malades et aux congrégations similaires existant dans la monarchie prussienne au moment où la loi était décrétée.

Cette minutie dans les détails prouvait que les évêques prussiens auraient encore quelques pas à franchir avant d’obtenir pour certains" ordres religieux les facilités demandées par le Saint-Siège. Notamment en ce qui concerne l’enseignement secondaire et primaire, on n’entrevoyait pas encore une modification sérieuse au régime qui est encore aujourd’hui en vigueur en Allemagne et qui, dans ce pays si complaisant à se poser comme le champion des intérêts conservateurs, crée à l’Eglise une situation infiniment moins avantageuse que celle dont elle jouit en France, même après les lois scolaires de la République. Cependant la loi du 21 mai 1886 renfermait beaucoup de dispositions très importantes au point de vue de la liberté de l’enseignement religieux. L’article s’supprimait les prescriptions particulières contenues dans les paragraphes de la loi du 11 mai 1873 et relatives à la surveillance de l’Etat sur les instituts indiqués dans les articles 2, 3 et 4. L’article 9 supprimait purement et simplement cette cour judiciaire royale pour les affaires ecclésiastiques, qui avait été investie pendant plusieurs années d’une action attentatoire au premier chef à la liberté de conscience des membres de la communion catholique. Enfin l’article la et dernier faisait cesser un terrible abus de pouvoir, puisqu’il y était stipulé que dorénavant la célébration de messes basses et l’administration des derniers sacremens ne tomberaient pas sous les dispositions pénales des lois des 11 et 12 mai 1873, 24 mai 1874 et 22 avril 1875.

Ainsi disparaissait un état de choses violent qui, pendant plusieurs années, avait impliqué, d’une part, du côté du pouvoir civil, des rigueurs odieuses, véritablement incompatibles avec l’esprit de tolérance dont se targuent les temps modernes, contre les ministres de la religion que leur conscience et leur esprit de charité déterminaient à ne pas refuser leur assistance aux fidèles qui la réclamaient ; d’autre part, du côté des prêtres, des ruses constantes pour échapper à l’action des lois, en trompant la surveillance de l’Etat, afin d’aller baptiser les enfans nouveau-nés, donner la bénédiction nuptiale aux nouveaux époux, administrer les derniers sacremens aux mourans. Plus d’une fois, des ecclésiastiques, membres du Reichstag, usèrent de leur immunité