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LES UNIVERSITÉS D’ÉCOSSE.

répandue pour le redressement des jambes difformes ou la transplantation des os[1].

Enfin, c’est sur les sciences naturelles que les Écossais ont de nos jours jeté le plus vif éclat. Mac Intosh, professeur d’histoire naturelle à Saint-André, a fait de belles recherches sur la pisciculture et présidé à la création dans cette ville d’un laboratoire d’études sous-marines. Mais le nom de M. W. Ramsay, ancien tuteur-adjoint de la chaire de chimie à Glasgow, nommé ensuite à Londres, égale aujourd’hui celui des plus illustres chimistes du Royaume-Uni par sa découverte de l’argon (février 1895). On sait qu’à la suite de longues et minutieuses recherches sur l’azote atmosphérique, faites de concert avec lord Raleigh, il est parvenu à isoler un troisième gaz constitutif de l’air, qui avait échappé à toutes les investigations d’un Lavoisier et d’un Cavendish. De leur côté, MM. Guthrie Tait et James Geikie, à Édimbourg, et sir William Thomson, à Glasgow, s’illustraient par leurs travaux en physique et en géologie. Il faut citer du premier des Conférences sur quelques-uns des progrès de la physique (1887) et sur le « monde invisible » ; et du second ses écrits sur la période glaciaire. Enfin, qui n’a entendu parler du troisième, anobli par la reine Victoria, sous le titre de lord Kelvin, et dont le jubilé de cinquante ans de professorat fut célébré l’an dernier avec le concours des délégués accourus des cinq parties du monde ? Nous ne saurions mieux faire, pour montrer combien ces hommages étaient mérités, que de citer un extrait de l’adresse que nous fûmes chargés de lui remettre au nom de l’Université de Paris (24-25 juin 1896) : « Curieux des grandes lois de la nature et des principes de la philosophie naturelle, vous avez toujours cherché à remonter, dans l’explication des phénomènes physiques, aussi haut que peut atteindre l’intelligence humaine.

« Une partie importante de votre œuvre théorique est consacrée à des spéculations, mais, dans les hardiesses de votre génie, vous ne perdez pas de que la réalité, et vous construisez d’ingénieux modèles mécaniques pour expliquer vos hypothèses… La même méthode se trouve dans votre Traité de philosophie naturelle, œuvre magistrale, la plus suggestive qui ait été écrite en ce siècle sur la mécanique générale.

  1. V. Ostéotomie, recherches sur l’étiologie et la pathologie de l’ankylose, des jambes courbées et autres déformations osseuses des membres inférieurs, — Édimbourg, — 1880, qui a été traduit en toutes les langues de l’Europe.