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les révolutionnaires. Il montre, au contraire, M. de Villèle travaillant à la même époque dans l’intérêt de la paix, faisant tous ses efforts pour la conserver. La politique de l’intervention armée ayant fini par prévaloir, la logique eût voulu que M. de Villèle se retirât et que M. de Montmorency, revenant de Vérone avec l’assentiment moral des cours alliées, restât dans le ministère qui devait commencer les hostilités. Mais les événemens de ce monde infligent souvent à la logique des démentis imprévus. Chateaubriand devait accomplir l’œuvre du ministre démissionnaire, tout en paraissant suivre la pensée de M. de Villèle, jusqu’au jour où les circonstances, plus fortes que la volonté des hommes, les auraient tous ralliés à la politique de l’intervention armée qui s’imposait à la monarchie comme une nécessité d’origine et de situation. Nous le suivrons bientôt sur ce terrain, où il fut plus fidèle à ses sentimens intimes qu’à ses amis politiques, mais où les services qu’il rendit au gouvernement de la Restauration auraient pu lui mériter peut-être l’oubli de ses défaillances passagères.


II. — CONFÉRENCES DE VIENNE (SEPTEMBRE 1822)

Avant de clore le congrès de Laybach (1821), les souverains, qui avaient assumé sur eux la responsabilité de l’intervention autrichienne à Naples et en Piémont, résolurent de se retrouver l’année suivante en Italie, pour en apprécier les résultats et décider s’il y avait lieu d’en modifier les conditions. Pendant ce temps, nous venons de voir que la révolution espagnole avait acquis une gravité menaçante. Le déchaînement de l’esprit révolutionnaire en Espagne ; en France, comme par opposition, le progrès de l’autorité monarchique et l’avènement d’un ministère royaliste, avaient amené entre les deux pays une hostilité morale qui faisait présager une rupture ouverte. Il était, dès lors, impossible que le Congrès se réunît à nouveau, sans que la question espagnole ne devînt immédiatement l’objet principal de ses délibérations. Mais aborder le Congrès, sans que l’accord fût complet entre les anciens alliés de la coalition, était s’exposer à ce qui arriva, c’est-à-dire à ce que la France prît en mains le rôle principal, en raison de son voisinage avec l’Espagne et des liens de famille qui unissaient les deux branches de la maison de Bourbon. Aller à Vérone, sans s’être assuré de l’empereur Alexandre et des