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comme aussi l’été trop court pour un travail d’extraction prolongé, amèneront un jour les mineurs à remonter le cours des torrens et à chercher, eux aussi, des placers de plus en plus riches. »

On n’en est pas encore là ; il en convient et il le dit : des années s’écouleront avant que cette nécessité se produise. Le docteur W. H. Dali, attaché au Muséum national de Washington, et bien connu par ses explorations géologiques dans la vallée du Yukon, relevait, lui aussi, il y a vingt ans, l’existence de l’or dans le lit du fleuve, mais en quantités insuffisantes pour une exploitation productive, et l’expérience a prouvé son dire. L’or se perdait dans ce lit trop vaste, mesurant jusqu’à dix kilomètres de largeur. Il affirmait qu’on devait le trouver, infiniment plus abondant, dans les affluens. Selon lui, le Klondyke et les cours d’eau qui s’y déversent ne sont qu’une très faible partie des terrains aurifères, qu’il estime s’étendre sur une longueur de 600 milles. Les résultats des recherches récentes me confirment, dit-il, dans la conviction que l’on va voir se reproduire, sur une beaucoup plus vaste échelle, le prodigieux exode qui a fait surgir San Francisco, peuplé la Californie, et modifié la situation économique du monde.

Cette opinion est partagée par M. W. Van Slooten, ingénieur et métallurgiste renommé, président de la société des mines du Sud-Amérique et directeur des mines d’or de la république de l’Equateur. « En faisant, dit-il, la part de l’exagération inévitable en pareilles matières, il n’en reste pas moins un ensemble de faits acquis et incontestables en ce qui concerne les placers de l’Alaska, qui permet d’affirmer que l’on se trouve en présence d’une découverte plus importante encore que celle des mines d’or de la Californie en 1848-49. Si l’on compare les rendemens individuels, en Californie, en 1848-49, et ceux de l’Alaska à ses débuts, ceux du mineur du Klondyke ont dépassé, en deux mois, ceux du mineur californien en six. Si l’on compare les résultats d’ensemble, l’exportation d’or du Klondyke atteint, pour les deux derniers mois, 25 millions de francs, alors qu’en Californie, dans des conditions de nombre et de climat bien autrement favorables, ce même chiffre n’a été atteint, au début, qu’en huit mois. On parle des difficultés du voyage ; elles sont grandes, mais elles n’arrêtent pas les mineurs. Ils en auront promptement raison. Si, demain, on découvrait des mines d’or plus riches