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LE DÉSASTRE


QUATRIÈME PARTIE[1]


I

L’armée, depuis six jours, était bloquée sous Metz. Le grand Quartier général s’était établi au Ban Saint-Martin. Le 23, Du Breuil, qui logeait avec Restaud chez une veuve, Mme Guimbail, se rendit aux bureaux comme d’habitude. Il y remarquait un garde forestier de haute stature, portant sa barbe taillée en collier, la barbe des « anabaptistes ». L’homme était en train de répondre aux interrogations de Laune. Charly s entra, fit un signe ; le garde le suivit. Laune sortit également ; un long moment, dehors, les deux colonels et l’homme s’entretinrent. Du Breuil s’informait. Décherac lui dit :

— On croit qu’il apporte une dépêche de Mac-Mahon. Le maréchal viendrait à notre secours en passant par le nord.

— Parions alors, dit Floppe, que nous allons sortir par le sud. Bon moyen pour ne pas nous rencontrer !

Laune ne voulut rien dire. Au dehors, le bruit d’une dépêche apportée par un émissaire de Mac-Mahon courait. On en parlait en ville, apprit Du Breuil le lendemain ; et déjà l’exagération… Mac-Mahon était arrivé à Montmédy avec soixante-dix batteries de 12, attelées avec 22 000 chevaux des omnibus de Paris !

On pouvait, grâce aux échanges de prisonniers et aux rensei-

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 septembre et 1er octobre.