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devenus si impérieux, ils enserrent avec une telle raideur l’activité quotidienne de chacun, que la religion s’y doit glisser au lieu de convier les travailleurs à s’y soustraire quelques instans ; si elle ne peut obtenir le repos du dimanche, elle guettera, pour s’en emparer, la courte minute d’haleine que laissera le travail du dimanche ; et c’est peut-être ce que voulait dire M. le pasteur Naumann lorsqu’il expliquait un jour qu’à la communauté religieuse fondée sur la proximité de domicile (Ortsgemeinde) l’avenir juxtaposerait ou substituerait la communauté religieuse fondée sur l’analogie des professions (Berufsgemeinde).

A un pôle inverse, on recueille, sur les lèvres de certains pasteurs des Eglises officielles, le souhait que la Mission Intérieure s’absorbe peu à peu dans ces églises, que les diverses associations grandies sous ses auspices aient leur siège dans un Vereinshaus appartenant à la communauté paroissiale, que chaque communauté ait sa diaconesse, ouvrière du bien, à côté du pasteur officiel, ministre de Dieu, et qu’enfin cesse cette dualité entre les pasteurs de la Mission Intérieure qui veulent reconstituer, sur des fondemens inédits, des chrétientés vivantes, et les pasteurs officiels isolés, sans horizon, sans espérance, au milieu de chrétientés mortes. M. Uhlhorn, l’historien de la charité protestante, a longuement développé certains de ces vœux. M. le pasteur Sulze a tenté de les réaliser dans un faubourg de Dresde, en adaptant à la vie paroissiale de ce faubourg une organisation fort originale, que nous avons eu l’occasion d’indiquer dans un article antérieur. M. de Ruckteschell, pasteur à Hambourg, a démontré avec une grande clarté que la communauté paroissiale ne doit point être seulement l’ « objet » de la Mission intérieure, et qu’elle devrait aussi en être le « sujet ». Mais l’absorption de la Mission Intérieure dans les cadres des Eglises officielles ne saurait être efficace que si les communautés paroissiales devenaient des noyaux d’action chrétienne, consistans, cohérens et robustes. Ce n’est point par des décisions ou par des thèses qu’on la pourra réaliser : elle se fera spontanément ou elle ne se fera pas. En vain Fliedner voulut-il que les diaconesses par lui fondées fussent surtout affectées au service paroissial : aujourd’hui, 2 072 diaconesses seulement sont employées par les communes, et 3 081 par les institutions charitables. Les communautés rhénanes et westphaliennes, on le devine aisément, sont celles où les diaconesses sont le plus volontiers utilisées et qui pourraient le plus aisément