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cent de plus en plus de développer leur production indigène. Les soies de Crefeld souffriront beaucoup de l’augmentation de droits qui s’élève de 10 à 15 pour 100 : les soies bon marché seront particulièrement atteintes. Les tissus de laine de Gera sont dans le même cas ; les tissus à bas prix verront leur exportation américaine décroître. En revanche, leurs débouchés en Extrême-Orient s’étendent tous les jours. Les étoffes imprimées de Gladbach ne sont pas touchées par le nouveau tarif : mais la concurrence américaine en diminuera vraisemblablement le débit. Les cotonnades de Saxe souffriront peu, sauf les bas à bon marché, dont la production a déjà beaucoup diminué depuis 1890. Les fabricans de bas de Chemnitz songeraient à installer des fabriques aux États-Unis s’ils étaient convaincus que le nouveau tarif restera longtemps en vigueur. Les fabricans de dentelles et rideaux de Plauen ne se considèrent pas comme menacés. Mais, seules, les qualités supérieures de rubans de soie fabriqués dans les contrées rhénanes pénétreront encore en Amérique.

Au contraire, l’exportation des métiers à tisser paraît devoir augmenter : il est vrai que, par contre-coup, elle réduira peu à peu l’exportation des tissus allemands, puisque la production américaine s’accroîtra. Les toiles fines qui se fabriquent depuis des siècles en Saxe n’ont pas encore trouvé leurs rivales de l’autre côté de l’Océan. La fabrique silésienne de gants, déjà très éprouvée, le sera encore plus, aussi bien que l’industrie silésienne du lin. Quant aux fils, le tarif est prohibitif. Les fabricans de Mulhouse sont très menacés, notamment pour leurs étoffes imprimées ; et cela est d’autant plus grave pour eux que la concurrence italienne et espagnole est en voie de développement ; que la Russie a élevé les droits d’entrée ; que l’Amérique du Sud, constamment troublée, est un client incertain : seule l’Australie paraît dans les derniers temps avoir envoyé des commandes plus importantes.

Les produits chimiques et pharmaceutiques, les huiles essentielles, les préparations à l’usage des laboratoires, dont certaines atteignent une valeur de 4 000 à 5 000 marks au kilogramme, continueront à être demandées par les Américains, qui n’ont encore ni ouvriers ni chimistes suffisamment exercés à ces délicates fabrications. Les porcelaines, jouets, pierres lithographiques, étoffes pour meubles, tapis de table, sont très fortement taxés. Certains tissus de laine sont frappés d’un droit double du droit