parfois, à un grand nombre de questions. Il n’a pas manqué d’appeler l’attention de la Chambre sur les dangers qui résulteront, un jour peut-être prochain, des événemens qui ont eu lieu naguère en Autriche, soit à Vienne, soit à Prague, et qui sont malheureusement le début d’une évolution presque fatale. Le parti allemand, après avoir été tout-puissant autrefois, aspire à le redevenir avec l’aide des Hongrois ; il n’a jamais montré plus d’activité impatiente qu’aujourd’hui, et il n’influe pas moins sur la politique étrangère que sur la politique intérieure de la monarchie ; il se préoccupe passionnément des questions balkaniques, et de toutes les éventualités qui pourraient en sortir, afin d’y faire face et, à l’occasion, d’en profiter. Cette poussée politique échappe peut-être à la surveillance directe de l’empereur. François-Joseph a été certainement sincère dans les promesses qu’il a pu faire à l’empereur Nicolas ; mais ses mains fatiguées par l’âge, son esprit découragé par le malheur, ne sont plus les seuls à diriger les affaires de l’Empire. Beaucoup de choses se font en dehors de lui. On comprend l’intérêt qu’il y avait, en prévision d’un certain avenir, à ramener par tous les moyens la Serbie dans le giron austro-hongrois. La Serbie, en effet, lorsqu’elle est d’accord avec les principautés balkaniques, immobilise le corps d’occupation autrichien en Herzégovine et en Bosnie, et de plus les deux corps d’armée qui ont leur centre militaire à Agram et à Temesvar. Ces forces redeviennent disponibles dès que la Serbie rentre docilement sous l’hégémonie du cabinet de Vienne, et c’est là, pour parler franchement, tout l’intérêt de l’opération. L’Autriche-Hongrie recouvre la disposition d’une partie de ses forces ; par contre-coup, ses alliés voient diminuer d’autant leurs propres charges ou leurs préoccupations ; la Russie, au contraire, voit les siennes augmenter. En cas de guerre, la situation actuelle de la Bulgarie serait moins rassurante qu’elle ne l’était il y a quelques mois, entourée qu’elle est au nord de la Roumanie, à l’ouest de la Serbie, à l’est et au sud de l’Empire ottoman, toutes puissances plus ou moins solidement inféodées à la Triple Alliance. On voit se dessiner, comme sur un immense tableau, la ligne de démarcation des divers groupemens politiques et militaires de l’Europe, avec leurs annexes et dépendances, si, ce qu’à Dieu ne plaise, un conflit venait, sur un point quelconque, à éclater entre eux.
On doit tout faire pour éviter, non pas seulement ce conflit, que rien ne fait craindre actuellement, mais tout ce qui, de près ou de loin, pourrait y conduire. La candidature du prince Georges de Grèce, malgré toute la sympathie qu’elle devait rencontrer en France, était peut-