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REVUE DRAMATIQUE

Au GYMNASE : Les Transatlantiques, comédie en quatre actes, de M. Abel Hermant. — A la COMEDIE-FRANÇAISE : Catherine, comédie en quatre actes, de M. Henri Lavedan. — Aux VARIETES : Le Nouveau Jeu, comédie en sept tableaux, de M. Henri Lavedan. — A la RENAISSANCE : L’Affranchie, comédie en trois actes, de M. Maurice Donnay.

Oui, j’en serais persuadé depuis quinze jours si je ne l’avais été déjà auparavant, la critique impersonnelle est le vrai ; et « l’application de la doctrine évolutive à l’histoire de la littérature et de l’art » est presque seule « capable de communiquer au jugement critique une valeur vraiment objective ». Je voudrais donc, de bon cœur, juger d’après cette méthode les comédies que ce dernier mois nous a apportées. Mais je ne vous cache pas que j’y pressens quelques difficultés. Le XVIIIe siècle a eu des douzaines d’auteurs dramatiques, qui ont écrit des centaines de pièces. Or je ne pense pas que la méthode évolutive et la critique impersonnelle puissent retenir, comme significatifs, plus de cinq ou six de ces auteurs, ni plus d’une vingtaine de ces ouvrages. — C’est par centaines que le XIXe siècle compte ses dramaturges, et c’est par milliers qu’il compte leurs comédies. L’éloignement permet sans doute d’en faire le triage pour la période antérieure à 1870, de discerner tout en gros celles par qui s’est faite l’évolution du théâtre, et de dessiner sommairement la « courbe » de cette évolution. Mais quel moyen avons-nous de connaître la valeur historique des comédies du dernier mois, et de savoir quelles places elles occuperont dans l’histoire littéraire, ou même si elles y occuperont une place ?

Si pourtant je crois entrevoir qu’aucune d’elles n’est destinée à « marquer une date » (et je vous ai déjà dit qu’il y avait eu des chefs-d’œuvre dans ce cas), suis-je du moins capable de fixer la valeur