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avec une abondance tout à fait exceptionnelle dans les plaines de l’ouest ; on en a reconnu depuis quelques années déjà un vaste bassin, commençant à une cinquantaine de lieues au sud de la ligne du Transsibérien, près de la ville de Kouznetsk, et s’étendant vers le haut Obi ; en 1897, on en a découvert un nouveau, plus puissant encore, à cent vingt kilomètres à l’est de Tomsk, traversé cette fois par la voie ferrée elle-même et donnant, paraît-il, un charbon d’aussi bonne qualité que les meilleures houilles anglaises. Enfin, à l’autre extrémité de la Sibérie, tout près de Vladivostok, et par conséquent de la mer, se trouvent encore d’autres gisemens de houille. Ce ne sont là que les couches de combustible dès aujourd’hui reconnues ; elles suffiraient à faire considérer le pays qui les possède comme très favorisé, mais bien des régions sont encore inexplorées au point de vue géologique, et il n’est pas impossible que de nouvelles richesses houillères soient découvertes.

L’industrie n’existe, en Sibérie, que sur une très petite échelle. Quelques minoteries et distilleries réparties un peu partout, des mégisseries dans le gouvernement de Tobolsk, des fabriques d’allumettes, des brasseries, des briqueteries ; l’ensemble de tous ces établissemens est insignifiant et leur production ne suffit pas à la consommation locale. Les petites forges que j’ai déjà mentionnées végètent, et, en l’absence de bons techniciens et d’ouvriers exercés, ne donnent que des fers et de la fonte de mauvaise qualité. Il est et il sera longtemps trop tôt pour que le pays devienne le centre de grandes industries : ses habitans devront se borner pendant plusieurs dizaines d’années sans doute à extraire les produits bruts du sol, à les dégrossir tout au plus, mais sans essayer de les amener à la forme sous laquelle on les consomme. Tous les pays neufs ont fait ainsi : aux États-Unis, comme au Canada ou en Australie, et partout où l’on a voulu provoquer prématurément l’installation de manufactures, l’expérience a été malheureuse ; il n’y a donc ni à s’étonner ni à s’affliger de ne pas voir de grandes usines établies en Sibérie.


V

En l’absence d’industries importantes, les villes sibériennes ne sont ni nombreuses ni considérables : le recensement de 1897 n’en accuse que onze qui aient plus de 10 000 habitans ; huit