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Reichstag. Le parti agrarien a levé l’étendard de ce qu’il appelle la « politique économique nationale ». Il ne s’explique guère, dans son programme, que sur un seul point : il est opposé à la clause de la nation la plus favorisée ; mais il évite d’exposer le détail de ses idées, afin de ne pas trop éloigner de lui les industriels et les commerçans qui, dans beaucoup de cas, ont des tendances opposées à celles d’un protectionnisme intransigeant. La lutte électorale est cependant, sur beaucoup de points, engagée entre les représentans de ces deux partis, qui ne peuvent s’entendre sur une étiquette commune, celle de « politique économique nationale », qu’à condition de ne pas préciser le régime qu’ils demanderont au gouvernement d’établir. Les agrariens s’opposent à l’insertion, dans les traités de commerce, de toute stipulation qui fixe les droits sur les produits agricoles pour une longue durée, et, en outre, demandent des droits qui rendraient impossible l’entente avec les pays qui sont les principaux débouchés de l’industrie allemande : Autriche, Russie, Roumanie, États-Unis d’Amérique. Il est probable qu’ils finiront par imposer un régime analogue au nôtre, c’est-à-dire l’établissement de tarifs généraux maximum et minimum.

C’est, du reste, ce qu’au mois de février 1898 le comte Posadowsky, secrétaire d’Etat à l’office de l’intérieur, faisait prévoir lorsqu’il déclarait que, avant de conclure d’autres traités de commerce ou de renouveler les anciens, l’Allemagne a besoin d’un tarif douanier autonome qui lui serve de base pour les conventions futures. « Nous ferons bien, a-t-il ajouté, de ne pas provoquer, sans de bonnes raisons, une guerre douanière. Aussi je vous prie de laisser au gouvernement le soin de décider quand le moment sera venu de s’écarter de cette ligne de conduite. » Il est certain que le ministère doit éprouver quelque crainte que l’opinion publique ne s’égare au milieu de tant d’assertions contradictoires. Son désir est légitime d’étudier à loisir une question complexe, que l’ardeur des intéressés complique encore en transformant un problème économique en une lutte politique. Mais il ne lui est pas facile d’obtenir gain de cause. D’autre part, ce qui a pu pousser les Allemands dans cette voie d’hostilité aux traités de commerce, et leur faire envisager l’établissement de tarifs maximum et minimum, c’est la dénonciation qu’a faite, en 1897, l’Angleterre du traité de commerce qui la liait à l’Allemagne, en même temps qu’elle dénonçait aussi celui qu’elle avait conclu