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d’helléniser paisiblement dans la rue Saint-Jacques, allaient à cinq cents lieues étudier de près les choses grecques, troublaient de douces habitudes casanières ; ils donnaient un mauvais exemple ; ils avaient tort !

Ainsi, de deux points de l’horizon venaient des souffles peu favorables. Nous avancions cependant, poussés et soutenus par ceux qui nous avaient embarqués. Afin d’expliquer que, dans la haute culture de l’esprit, ils plaçaient, à côté de l’étude littéraire agrandie, la connaissance des chefs-d’œuvre de l’art, ils avaient décidé qu’avant de se rendre en Grèce, les jeunes voyageurs passeraient un mois à Rome et une quinzaine à Naples. C’était court. Aussi pas un jour ne fut perdu. Ceux qui d’avance étaient un peu initiés, fréquentaient assidûment les musées et les lieux célèbres. Ils y faisaient d’amples provisions dont ils comptaient plus tard tirer parti. Ils se lièrent avec les artistes de l’Académie de France à Rome, qu’ils visitaient dans leurs ateliers ou rencontraient aux soirées de M. Schnetz, leur directeur. Là se formèrent des amitiés précieuses et durables. L’alliance des deux Ecoles de Rome et d’Athènes fut contractée pour toujours ; et les pensées de quelques-uns d’entre nous prirent dès lors tout naturellement une direction esthétique, qui devait tôt ou tard les conduire à l’histoire et à la théorie de l’art.

En même temps, commençait pour les membres de la mission athénienne une éducation nouvelle. Accueillis par nos éminens ambassadeurs, par M. Rossi à Rome, qui leur fit avoir une audience de Pie IX, à ce moment au comble de sa popularité éphémère ; à Rome encore, par M. le prince, aujourd’hui duc Albert de Broglie, secrétaire d’ambassade, et par M. de Montebello, à