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d’énergie. Le mot phénomène n’a pas une autre signification quel que soit le théâtre où il se produise. Les manifestations si variées, qui traduisent l’activité des êtres vivans correspondent à des transformations d’énergie, à des changemens d’une espèce ou d’une variété dans une autre, conformément aux règles d’équivalence fixées par les physiciens. Dans le monde physique, ces formes spécifiques d’énergie sont peu nombreuses. Quand on a nommé les énergies mécaniques, l’énergie chimique, les énergies rayonnantes, calorifique, lumineuse, l’énergie électrique avec laquelle se confond l’énergie magnétique, on a épuisé la liste des acteurs qui occupent la scène du monde, au moins de ceux que l’on connaît.

Est-il permis de dire que la liste est close et que la science ne découvrira pas ultérieurement d’autres formes ou d’autres variétés spécifiques d’énergie ? Non, à coup sûr. Une telle affirmation serait aussi ambitieuse qu’imprudente. L’histoire des sciences physiques doit nous rendre plus circonspect. Elle nous enseigne qu’il n’y a guère plus d’un siècle que l’énergie électrique a fait son entrée en scène et que l’on a commencé à connaître l’électricité. Cette découverte dans le monde de l’énergie, accomplie pour ainsi dire sous nos yeux, d’un agent qui joue un si grand rôle dans la nature, laisse pour l’avenir la porte ouverte à d’autres surprises.

Cette réserve est d’une haute importance au point de vue de la réduction des phénomènes de la vie à l’Energétique universelle. Elle permet, en effet, d’admettre qu’à côté des formes d’énergie que l’on sait leur être communes avec le monde physique il existe, chez les êtres vivans, des formes qui leur semblent particulières. Elles sont encore trop mal connues pour qu’on ait pu les chercher en dehors d’eux. Ces formes d’énergie que l’on peut supposer chez les animaux existent sans doute dans le monde physique, et elles devront s’y retrouver quand nos moyens d’investigation auront fait des progrès suffisans. Dans l’état actuel des choses, on n’a besoin d’en admettre la possibilité qu’en raison de la particularité des phénomènes de la vie et de l’animalité qui sont les plus spéciaux et les plus hétérogènes aux phénomènes physiques. Grâce à cette précaution, on comprend à la fois, par quels caractères essentiels les phénomènes vitaux se réduisent d’ores et déjà à la physique universelle, et par quelles différences provisoires ils en restent encore séparés. On échappe dès lors à