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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/104

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du domino qui nous avait persiflés. Il ne put le retrouver. Mais il sut que c’était le comte de Salvandy, un jeune homme de beaucoup d’esprit qu’à la suite d’une brochure, les ministres avaient fait entrer au Conseil d’Etat, et qui les avait ensuite fort malmenés dans un autre écrit tout à fait blessant pour M. Decazes et pour eux. Le général de Sparre voulait lui demander raison. Mais on lui fit comprendre qu’il n’y avait qu’une chose à faire : ne rien faire. »

Malgré tout, l’entrée de soixante nouveaux membres dans la Chambre des Pairs, en y déplaçant la majorité, modifiait sensiblement les conditions du combat que le ministère y avait engagé et facilitait sa tâche. Le 23 mars, la motion Barthélémy, adoptée par un premier vote quand la majorité appartenait à l’extrême droite, fut définitivement repoussée. De Serre, dont l’influence oratoire grandissait tous les jours, fit, au cours de ce débat, des déclarations qui exaspèrent les ultra-royalistes. La veille, il avait présenté à la Chambre des députés les nouvelles lois sur la presse annoncées déjà. Rédigées par le duc de Broglie, entré depuis peu dans la vie publique, étudiées ensuite par une commission composée de Royer-Collard, Guizot et arante, le caractère libéral n’en était pas contestable, et la lecture qui en fut faite à la tribune par de Serre lui valut, avant même que le débat s’ouvrît, un succès retentissant. Le rejet de la proposition Barthélémy et la présentation des lois sur la presse excitèrent jusqu’à la fureur le ressentiment de l’extrême droite. Au total, le cabinet parut sortir de ces diverses épreuves grandi et fortifié. A la faveur de ces victoires de tribune, le Roi sentit plus chaud, plus ardent, le vent de popularité qui soufflait autour de son trône depuis la dissolution de la Chambre Introuvable, et malgré les points noirs dont il voyait l’horizon chargé, il recouvra sa quiétude. Mais bientôt, elle fut de nouveau troublée par les débats qui s’engagèrent dans les Chambres et dans les journaux à propos des personnages bannis de France en 1815.


III

A sa rentrée à Paris, le Roi avait exilé trente-huit bonapartistes qui, ralliés en 1814 à son gouvernement, s’étaient ralliés ensuite à celui de l’Empereur. Une autre ordonnance avait également proscrit les régicides qui, pendant les Cent-Jours, avaient