me répéta ce qu’elle m’avait écrit. Seule, absolument seule, dépourvue de ressources, elle sollicitait le retour du général. M. Decazes, à qui je fis part de ce désir, me répondit que cela ne dépendait pas uniquement de lui, qu’il fallait que ce fût décidé en Conseil, mais qu’il tâcherait de hâter une décision. Quelques jours plus tard, il me dit, en allant chez le Roi, qu’il espérait qu’elle serait prise ce jour-là. En effet, un billet qu’il m’envoya du Conseil m’apprit la bonne nouvelle et m’autorisa à aller l’annoncer à Madame Exelmans. J’y courus. Je ne vis jamais joie comparable à celle de cette pauvre femme. A sa prière, M. Decazes fit télégraphier au général qu’il était autorisé à rentrer. »
Le même service fut rendu à la duchesse de X…. Arrivée à Paris à la fin de 1818, pour demander la grâce de son mari, elle s’était adressée en vain à tous les ministres, sauf à Decazes. Elle ne recourut à lui que lorsqu’elle eut perdu tout espoir de réussir par une autre voie. « Elle vint plusieurs fois chez moi, car c’est chez moi que souvent des femmes considérables attendaient le ministre. Il venait les y recevoir. Alors, je m’en allais. La duchesse de X… était très belle et avait d’agréables manières. L’exil de son mari la rendait très malheureuse. Leur fortune était bien diminuée à la suite de leur disgrâce, et ils avaient été obligés de faire ressource de leurs diamans. Depuis son arrivée à Paris, elle cherchait à vendre un magnifique collier en brillans. Elle fit demander à M. Decazes de le montrer au Roi et de tâcher de le lui faire acheter. Il avait coûté quatre-vingt mille francs. Mais la duchesse était prête à le céder pour moitié de cette somme. Quoique bien convaincu que le Roi ne l’achèterait pas, M. Decazes consentit à le lui présenter et à lui en conseiller l’achat pour Madame la Duchesse de Berry. Comme ce merveilleux collier m’avait été confié, le même soir, partant pour les Tuileries, il me le demanda. Je ne pus m’empêcher, avant de le lui donner, de le mettre à mon cou et je soupirai :
« — Comme c’est joli !
« — Sois tranquille, me répondit-il en m’embrassant, tu ne l’auras pas.
« Ainsi qu’il l’avait prévu, l’idée d’acheter ces diamans pour la Duchesse de Berry ne fut pas agréable au Roi. Mais il dit à M. Decazes que, s’il voulait me l’offrir, il en payerait la moitié, soit vingt mille francs, et que ce serait son cadeau de baptême. Mon mari remercia Sa Majesté et refusa. Ainsi qu’il me le dit en