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préparer aujourd’hui par les procédés électrolytiques, on arrive à obtenir un métal aussi bon conducteur que l’argent lui-même, et d’un prix qui n’est pas un obstacle à l’économie des installations. Aussi la téléphonie interurbaine et internationale a-t-elle pris rapidement, dans tous les pays, un développement que justifient des besoins de communication sans cesse croissans.

Paris a été relié avec Bruxelles et avec Londres, et le trafic a été si intense sur ces deux lignes, qu’il a fallu les doubler, les tripler, les décupler après un temps très court. Marseille, qui est, en France, le point le plus éloigné de Paris, dans l’état des communications téléphoniques actuelles, donne également lieu à des communications si nombreuses qu’il a fallu créer une ligne spéciale pour Lyon.

Toutes ces lignes sont formées de deux fils de grosseur variable avec la distance. Un seul fil ne suffirait pas pour soustraire la transmission de la voix à l’influence fâcheuse des agens extérieurs, de l’électricité de l’atmosphère, et du courant qui circule dans les fils télégraphiques voisins. Cette action, dite inductive, se manifeste par des bruissemens, auxquels on a donné le nom caractéristique de « friture », qui se superposent aux émissions de la voix et en masquent la netteté, s’ils ne la suppriment pas absolument. Le remède est à côté du mal ; il consiste à doubler le fil et à fermer ainsi la ligne par un retour qui neutralise les effets de l’induction. Ce remède est efficace, mais il n’est pas absolument économique. Doubler une ligne de cuivre n’est pas toujours une dépense insignifiante ; quelques chiffres permettent de s’en rendre compte.

La ligne de Paris à Bruxelles a environ 330 kilomètres de longueur. Elle est formée de deux fils de cuivre, de 3 millimètres de diamètre, dont le kilomètre pèse environ 63 kilos. Le poids total des 330 kilomètres est donc de 21 000 kilos environ et, au prix où est le fil de cuivre (1 fr. 70 le kilo approximativement), on voit qu’il n’est pas indifférent d’avoir à en employer 42 tonnes au lieu de 21. C’est, a fortiori, plus sensible comme dépense pour une ligne comme celle de Paris-Marseille qui, en tenant compte de la distance, des détours et des dénivellations subies par la ligne, ne comporte pas beaucoup moins de 2 000 kilomètres de fil aller et retour. Ce fil est plus gros que celui de Paris-Bruxelles. Il a un diamètre de 4mm, 5 et pèse 142 kilos le kilomètre La ligne double tout entière n’emploie donc pas beaucoup moins de 300 tonnes de