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les isolateurs. Les orages, très fréquens au Brésil, occasionnent de nombreux accidens.

Le développement extraordinaire des végétaux rend l’entretien des lignes très pénible. Les lianes enlacent les poteaux et les fils. Mais c’est surtout le règne animal qui fournit le plus grand nombre d’ennemis du télégraphe. Ce sont d’abord les animaux fouisseurs qui minent les poteaux à leur base et les font tomber ; une martre, l’hyrare (Galera barbara), le surilho (Mephistis suffocans), qui habitent surtout les forêts vierges ; dans les espaces découverts, les pampas, un animal ressemblant au lapin, mais plus grand, le biracha (Lagostomos trichodactylus), qui se creuse des terriers, à nombreuses galeries, sur une étendue de 6 à 8 mètres ; dans la forêt, les tatous ou armadilles, et parmi eux l’armadille géant (Dasypus gigas), qui atteint la taille d’un grand porc ; enfin, de nombreuses espèces de singes qui grimpent aux poteaux, se suspendent aux fils, les emmêlent ou les cassent.

L’action des oiseaux est différente. Un grand nombre d’entre eux affectionnent le sommet des poteaux pour y construire leurs nids, faits d’argile, d’herbes et de plumes, qui englobent souvent les isolateurs et les fils et établissent des dérivations, surtout lorsque le temps est humide.

Un oiseau nommé hobereau (Funarius rufus), répandu dans presque tout le Brésil, a la spécialité de ces constructions gênantes. Son nid a la forme d’un pot ou d’un four ; il est très artistement construit en terre glaise, il est long de 20 à 22 centimètres, haut de 15 à 18, profond de 10 à 12 ; l’oiseau lui-même a 19 centimètres de longueur. Les hobereaux, le mâle et la femelle, construisent un nid en trois ou quatre jours, surtout en août et en septembre, au moment de la couvée. A peine une ligne est-elle nettoyée, qu’elle est de nouveau couverte de nids.

Les énormes vols d’oiseaux qui circulent après le coucher et avant le lever du soleil se heurtent contre les lignes et les rompent. Les perroquets s’attaquent surtout aux fils de ligature.

Pour être plus petits, les insectes n’en sont pas moins à redouter pour les lignes. Les isolateurs servent, à la plupart d’entre eux, pour l’édification de leurs nids. Plusieurs espèces de guêpes les construisent à l’intérieur et à l’extérieur. Les abeilles tapissières les composent de cellules faites de brins de feuilles, les abeilles maçonnes les construisent avec un feutrage de poils de plante, qui englobe souvent l’isolateur tout entier. Les nids de