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prêts, déclarait M. Hanotaux, avec un véritable sens politique, dans une circulaire du 42 mars, adressée à tous nos ambassadeurs, à contribuer, pour notre part, dans la proportion visée par les amiraux et sous la condition du concours unanime des puissances, au renforcement des effectifs internationaux qui paraît le mieux répondre aux besoins les plus urgens de l’heure présente, en assurant le maintien de l’ordre et en manifestant une fois de plus le concert des Puissances[1]. » Interpellé par le cabinet de Saint-Pétersbourg, il télégraphiait, le 16, au comte de Montebello : « En réponse à votre dépêche du 14 de ce mois, j’ai l’honneur de vous faire savoir que le gouvernement de la République est disposé à faire, pour l’occupation de la Crète, tout ce que feront les autres Puissances, ni plus ni moins[2]. » Enfin, le 19 du même mois, il écrivait à notre ambassadeur à Londres : « Vous connaissez déjà notre manière de voir en ce qui concerne la nécessité de maintenir, en toute hypothèse, à l’occupation internationale de l’île, le caractère collectif et proportionnel qu’elle a conservé jusqu’ici[3]. »

Parmi les nombreuses propositions qui se croisaient sans cesse, il en est une qu’il est bon de noter, mais sur laquelle nous ne nous arrêterons pas, parce qu’elle fut péremptoirement écartée ; le cabinet anglais ouvrit l’avis de remettre, aux Crétois, le choix de leur gouverneur par voie plébiscitaire. La Russie déclina cette solution, l’Allemagne la repoussa ; la Porte ne l’aurait certainement pas admise, à moins d’un accord unanime et solide de toutes les puissances.

Avec le concours de la France, la Russie insistait de son côté pour qu’on en vînt à adopter les mesures opportunes que commandaient les circonstances. Elle saisit les puissances d’une proposition qui avait pour objet de procéder sans retard, en leur nom collectif, à la proclamation de l’autonomie en Crète en autorisant simultanément les amiraux à établir le blocus de l’île, avec décision subsidiaire de bloquer également les ports de la Grèce, si le gouvernement hellénique, sommé de rappeler ses troupes aussi bien que ses navires, refusait de déférer plus longtemps au vœu des cabinets sur l’un et l’autre point. Après un conseil de cabinet, le gouvernement anglais persévéra dans sa décision antérieure

  1. Livre Jaune, tome II, p. 166.
  2. Livre Jaune, tome II, p. 184.
  3. Livre Jaune, tome II, p. 200.