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l’espoir d’accroître le rendement des pêches américaines[1].

Gloucester est un petit port de la Nouvelle-Angleterre, à quelques heures au nord de Boston. C’est un centre important de pêcheries : pêcheries littorales, et pêcheries au large, sur les bancs de Terre-Neuve. On y arrive en traversant un paysage de rochers et de verdure entremêlés, et à l’automne, époque où je m’y rendis, les échappées de vue, à travers les portières du wagon, sont pleines de variété. Après un grand pré qu’encadrent des roches énormes, c’est un talus de verdure qui se dresse tout à coup, et çà et là s’en échappe un jaillissement polychrome, une belle flamme d’or et de rouge mariés, quelque arbre dans sa parure automnale. Puis le train glisse au rebord d’une crique d’eau bleue qu’encadrent les rochers et la verdure, et ce paysage, doux et austère à la fois, tient en même temps de la lande de Bretagne et des plus fins recoins du littoral de Provence.

La ville n’est ni belle ni grande : le touriste n’y passe guère. Les rues sont étroites le plus souvent, et la ligne droite n’exerce point ici sa monotone tyrannie. La pêche est la principale occupation,

  1. Les documens publiés sur les tentatives de pisciculture marine sont déjà nombreux. Il faut signaler surtout l’admirable collection des Rapports annuels du chef de l’United States Commission of Fish and Fisheries, collection pleine de faits et d’enseignemens très précis, et les rapports officiels publiés par les directeurs des stations de Flödevig, de Dildo, et de Dunbar. De travaux français, le nombre est restreint. Un des premiers est celui de M. Marcel Baudouin, qui s’occupait, comme moi, en 1893, à visiter l’Exposition des pêcheries, à Chicago. Son mémoire a paru dans le compte rendu du Congrès international des Pêcheries maritimes qui s’est tenu aux Sables-d’Olonne en 1896. Il a bien paru dans une publication du ministère de la marine un rapport officiel sur les pêcheries américaines, mais on pourra juger de sa valeur par cette simple citation : « Comme pisciculture, on n’est pas aussi avancé aux États-Unis qu’on pourrait le supposer, et jusqu’à ce jour on ne s’est guère occupé que du saumon, de la truite et des huîtres. » Cette assertion stupéfiante, faite par des rapporteurs qui ont pu voir à Chicago l’Exposition si riche et si curieuse de la Pisciculture, ouverte à tous les visiteurs, s’explique aisément, toutefois, pour qui sait que ce rapport « officiel » est en majeure partie un simple démarquage d’un ouvrage bien connu, publié il y a plusieurs années, The Fishery Industries of the United States, par le regretté G. Brown Goode et différens collaborateurs. Le rapport en question consiste pour une grande partie en extraits traduits et en résumés de le travail. L’ouvrage de Goode, exclusivement consacré aux Pêches et Pêcheries, ne traite point de la pisciculture ; de là la plaisante conclusion que je viens de citer. Il faut ajouter qu’en aucun passage du rapport il n’est fait allusion à la source à laquelle sont empruntés les renseignemens relatifs aux pêches et pêcheries (je ne parle point de la partie relative aux. bateaux de pêche et au matériel). Si c’est de cette façon par trop facile et incomplète que le ministère de la marine se fait renseigner sur les questions qui l’intéressent, par ses délégués à l’étranger, il n’est guère exigeant.
    Il faut signaler encore un ouvrage tout récent, et bien fait, de M. Georges Roche : la Culture des Mers. (F. Alcan, 1898.)