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qui plongent dans des auges où l’eau circule sans cesse.

Le nombre d’alevins produits à Dildo, pour la morue seule, varie de 200 à 300 millions par an. Ils paraissent rester dans les environs de la côte ; il ne semble pas que les morues ainsi produites opèrent de migrations étendues : la baie leur fournit tout ce dont elles ont besoin, et elles restent sur place, formant des bancs nombreux qui circulent à travers les eaux, et que les pêcheurs recueillent avec empressement.

M. Nielsen s’occupe beaucoup également du homard. Il en produit un million d’individus en moyenne chaque année : les œufs sont placés dans des incubateurs flottans, amarrés au fond par une corde et une pierre lourde, et l’éclosion s’en fait de façon très satisfaisante.

C’est encore au homard qu’est consacrée — de façon exclusive — la station créée en 1891 par le gouvernement canadien, à Bay-View, en Nouvelle-Écosse. Je me contente de la signaler en passant, pour en venir enfin à la dernière en date des stations de pisciculture marine, à celle de Dunbar, en Écosse, créée par les soins du Fishery Board d’Écosse, en 1893, et placée sous la direction de M. Wemyss Fulton.

Cette station a bénéficié dans une large mesure des expériences faites ailleurs. Aussi Dunbar est-il un excellent type de station de pisciculture. Situé sur la côte de l’Haddingtonshire, près de l’embouchure du Firth of Forth, ce laboratoire rappelle beaucoup celui de Flödevig. Il a coûté une quarantaine de mille francs, et la configuration des lieux a permis de l’établir dans d’excellentes conditions. Un premier vivier sert à recueillir les reproducteurs quelque temps à l’avance, pour leur permettre de bien s’acclimater ; il est aménagé dans une caverne qui se trouve sous les ruines d’un vieux château, et où l’eau pénètre à chaque haute mer.

En attendant la construction d’un vivier plus important, — qui se fera en fermant une crique voisine, — cette caverne rend les meilleurs services. Il va de soi qu’on nourrit les poissons qui y sont enfermés. Quand approche le moment où ceux-ci vont frayer, on les déménage. On les pèche avec des filets. pour les transporter dans un second vivier qui est le véritable laboratoire de reproduction. Comme à Flödevig, on a renoncé à la fécondation artificielle telle qu’elle se pratique aux Etats-Unis. Les poissons, après tout, savent très bien s’y prendre, sans qu’on les aide d’aucune façon, et nos leçons leur sont inutiles. Remarquez