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titre de Marketable British Marine Fishes, résume à peu près tout ce que l’on sait sur les principales espèces comestibles de nos eaux. Grâce à ces recherches, qui se poursuivent d’ailleurs, on a pu déjà se livrer à des expériences pratiques, on a pu commencer à faire la culture de certaines espèces.

Le carrelet est une de celles avec lesquelles on réussit le mieux. C’est un poisson qui ne saurait se comparer à la sole ou au turbot, il est vrai, mais il est de ceux qui pourraient se vendre beaucoup plus si la pêche était plus abondante. On s’en occupe assidûment à Dunbar et à Wood’s Holl, et les résultats obtenus à Dunbar sont très satisfaisans. Les reproducteurs sont gardés en vivier : la multiplication se fait de façon naturelle, et on se borne à mettre les œufs fécondés, recueillis à la surface, dans les incubateurs, où ils restent trois semaines ou un mois. La perte est de 4 pour 100 seulement : 100 œufs donnent 96 alevins, ce qui constitue une proportion exceptionnellement élevée. Des recherches sont en cours aussi sur la reproduction de la limande, du flet, de la sole.

On n’en fait point, à notre connaissance du moins, sur le flétan, ce géant des poissons plats, peu connu en France, qui est plus fréquent en Angleterre, mais qu’on pèche surtout sur les côtes américaines. Le flétan, tel que je l’ai vu à Gloucester, où l’on en débarquait des goélettes pleines, le flétan arrive à plus de deux mètres de longueur : on en voit qui ont trois mètres, sur un mètre de largeur, et c’est un poisson excellent, malgré ses dimensions considérables. Mais il ne pourrait guère se cultiver que dans le nord de l’Atlantique, et c’est un animal de haute mer à qui les installations existantes ne pourraient convenir.

A l’égard de la sole, il reste beaucoup à faire. C’est depuis peu de temps — deux ou trois ans — seulement que l’on a pu obtenir la multiplication naturelle de ce poisson en captivité. Pour le flet, peut-être la culture artificielle en sera-t-elle relativement facile : car ce poisson se plaît dans les estuaires, et remonte dans les rivières, de sorte qu’on pourrait peut-être l’accoutumer à des rivières d’eau saumâtre ou même douce.

Au total, donc, la culture des poissons plats est à l’étude : elle est encore dans la phase préparatoire.

J’ai déjà parlé de l’alose, plus haut, et du repeuplement qui a été opéré, et qui continue à se faire chaque année, sur les côtes de la Virginie et des Carolines ; mais il faut dire un mot