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Une entreprise de ce genre ne pourrait être que l’œuvre de l’État. Ce n’est pas que l’administration et la gérance de l’État soient le moins du monde de nature à exciter l’enthousiasme : l’opinion est faite là-dessus. Mais, dans une question du genre de celle dont il s’agit ici, il serait difficile, impossible peut-être, de procéder autrement, et les intérêts en jeu sont d’ordre si général que c’est au mandataire de la généralité de les prendre en main. Le repeuplement de nos côtes semble donc devoir être une affaire conduite par l’État, et, au reste, il n’y a pas de raison pour qu’elle ne donne pas de bons résultats, si elle est confiée à des mains habiles et pas trop nombreuses.

Il y a assez à faire, un nombre d’espèces à multiplier amplement suffisant pour qu’un laboratoire bien aménagé soit occupé toute l’année ou peu s’en faut, et pour que, par conséquent, les frais soient relativement faibles. Une dépense première de 50 000 ou 60 000 francs intelligemment employés, mis en œuvre par un praticien qui aura vu ce qui s’est fait ailleurs, et de quelle façon il faut s’y prendre — et surtout ne pas s’y prendre — suffirait à la création d’un laboratoire capable de préparer des quantités énormes d’alevins : et le choix de l’emplacement serait encore assez facile, pour un homme qui connaîtrait les conditions matérielles et économiques à réaliser. Pour l’entretien annuel, un budget de ; 20 000 francs paraît pouvoir suffire largement. À Dunbar, les frais matériels sont de 10 000 francs par an environ, et avec 10 000 francs on peut payer le personnel nécessaire. En tous cas, on pourrait commencer sur ces bases, et à coup sûr, si l’entreprise devenait prospère par ses résultats, — car il ne saurait être question de recettes, — le budget pourrait être accru.

Peut-être pourrait-on, du reste, l’augmenter par le prélèvement de droits à établir sur les transactions, si le rendement des pêches s’élevait dans des proportions marquées, et ce ne serait que justice que ceux qui profitent de l’œuvre en prissent quelque charge, ne la laissant pas tout entière à la collectivité. La méthode actuelle qui consiste à saigner la vache pour engraisser le bœuf, chère à certaine école économique, ne saurait constituer un système viable, assuré de la permanence.

L’entreprise, l’initiative particulières trouveraient toutefois à s’exercer utilement aussi dans cette question : il y a place pour les efforts individuels dans le sens qu’indique M. Wemyss Fulton. Sur bien des points de nos côtes, des criques se présentent, souvent