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la vallée du bas Niger. La côte d’Or est de beaucoup la partie la plus riche, la plus commerçante, la plus industrieuse et la plus peuplée de la côte de Guinée. Depuis quatre siècles les Européens s’y sont installés, en ont développé les richesses naturelles et y font leur fortune. Là se pressent les ports et les agglomérations de 10 000 à 25 000 âmes : Acra, Christiansborg, Dixcove, Elmina, Cape-Coast-Castle, etc. Plus nombreux et plus industrieux encore sont les habitans de l’hinterland de Lagos, où l’on voit des villes qui comptent 100 000 âmes comme Ibadan, et même 200 000 comme Abbéokouta, la plus populeuse des cités nègres africaines. La vallée du bas Niger est aussi le pays des grandes cités. Bidda, la capitale du Noupé, aurait 90 000 âmes ; Ilorin, 200 000 d’après les uns, 100 000 d’après les autres ; Kano et Yacoba, 50 000. Rien que dans l’empire de Sokoto, et en laissant de côté le Bornou, on évalue la population de 25 à 35 millions d’âmes sur un espace de 400 000 milles carrés. Les provinces de Sokoto et de Gando compteraient à elles seules 15 millions d’habitans sur un territoire de 220 000 milles carrés. La côte d’Or, Lagos et le bas Niger sont riches à la fois par les produits du sol et par l’industrie de l’habitant. Les céréales, les fruits, le beurre, les dattes, le coton, le caoutchouc, l’ivoire, les cuirs, la poudre d’or, l’indigo sont des objets courans d’exportation. Les artisans et les ouvriers sont très nombreux, dans le bas Niger surtout, où on les voit, comme l’étaient au siècle dernier les ouvriers d’Europe, groupés en. corporations de forgerons, de chaudronniers, de tailleurs, de cordonniers, de tisserands, de teinturiers, potiers, parfumeurs, bijoutiers, etc. A l’Angleterre appartiennent, en même temps que les contrées les plus fertiles, les populations les plus industrieuses, les plus sociables et les plus pacifiques de l’Afrique occidentale. Le domaine qu’elle s’est adjugé constitue la plus magnifique colonie d’exploitation qu’on puisse rêver ; c’est une acquisition hors pair. On peut être certain que les possessions anglaises de l’Afrique occidentale payeront. Elles payent d’ailleurs déjà, et fort bien, entre les mains de la Compagnie Royale du Niger.

En sera-t-il de même pour l’Afrique occidentale française ?

Lorsque nous avons résolu de créer à notre profit un vaste empire dans cette partie de l’Afrique, nous n’avons pas eu, pour former les élémens de notre domaine, l’embarras du choix. Sur le littoral de la Guinée et dans la vallée du Niger, les Anglais