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passage de Dixon et Vancouver. Les villes de Sitka, de Dyea, de Juneau sont bien des villes américaines, et les hauteurs qui les protègent contre les souffles du nord abondent en minerais divers. A Silver Bow Basin, à Silver Queen, l’argent avait précédé l’or. Ailleurs l’or se montre associé au plomb (à Shuck Bay), au cuivre (à Red Wing) ou au zinc (à Bald Eagle).

Le port de Juneau, où la maison la plus ancienne date de 1881 et qui avait commencé par s’appeler Harrisbourg, puis Rockwell, n’a dû sa création qu’aux veines d’or trouvées dans les alluvions et dans les quartz du littoral. Sa population permanente dépasse 4 000 âmes et elle s’accroît, en été, de tous les touristes qu’attirent les beautés d’une nature grandiose, en hiver de tous les mineurs auxquels le froid ferme la montagne. En 1897, la côte et l’archipel ont déjà donné pour près de 10 millions d’or, et, comme le fait remarquer la Chambre de commerce de Juneau, les recherches n’ayant encore porté que sur un petit nombre de points, ces rivages accidentés sont probablement loin d’avoir donné toute la mesure de leurs ressources, minérales et autres.


II

Après ce bref inventaire des réalités et des espérances que laisse à l’Alaska le caprice de ses frontières conventionnelles, repassons sur la terre canadienne, dans ce qu’on appelle le Territoire Nord-Ouest, et allons jeter un coup d’œil, nous aussi, sur cette jeune ville de Dawson qui a vu, depuis peu, passer dans ses rues tant de figures étrangères et tant de figures étranges. Etant donné la croissante notoriété qu’elle a acquise, on a grand-peine à se persuader que, il y a deux ans, elle n’existait même pas à l’état d’embryon.

Eh ! que fût-on venu faire là ? Le pays est beau, tout en relief et généralement boisé ; mais le cercle polaire n’est pas loin et c’est tout dire. Non que la météorologie de ces régions arctiques soit aussi uniformément haïssable que le supposent les habitans des zones tempérées. En été, il fait chaud, les jours n’en finissent pas et la persistance de l’action solaire se traduit, pour la végétation, par une surexcitation presque tropicale. La terre alors se couvre de fleurs : églantines, anémones, campanules, pavots, gueules-de-loup, crocus et mille autres. Les oiseaux pullulent et chantent ; malheureusement les insectes pullulent aussi, surtout