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REVUE DRAMATIQUE


GYMNASE : Marraine, comédie en trois actes, par M. Ambroise Janvier de la Motte. — RENAISSANCE : Médée, drame en trois actes en vers, par M. Catulle Mendès. — ODEON : Colinette, pièce en quatre actes, par MM. G. Lenôtre et G. Martin. — COMEDIE-FRANÇAISE : Struensée, drame en cinq actes et un prologue, en vers, par M. Paul Meurice. — THEATHE-ANTOINE : Judith Renaudin, pièce en cinq actes, par M. Pierre Loti.


En ces mois de rentrée les salles de théâtre ont une physionomie assez particulière. Les grandes questions relatives à la forme des chapeaux et à la façon des robes n’ont pas reçu leur solution définitive. La mode ne s’est pas encore décidée franchement. Le tailleur hésite. Le couturier se recueille. Les nuances de l’année passée semblent déjà fanées, celles de l’année nouvelle semblent criardes. L’excentricité n’a pas trouvé cette juste mesure où elle devient l’élégance ; faute d’un commencement d’habitude, la « nouveauté » nous trouble, plus qu’elle ne nous charme. C’est une période de tâtonnemens à laquelle l’amateur délicat demanderait en vain une véritable impression d’art. Ce n’est pas davantage le moment où se jouent les grosses parties dramatiques. Eux aussi, directeurs et artistes se réservent. Les pièces qu’ils hasardent sont celles qui, parfois à tort, n’ont pas toute leur confiance. Elles ont un air de n’être là que pour faire attendre les autres.

De la comédie que M. Ambroise Janvier de la Motte a fait représenter sous ce titre Marraine, il n’y aurait guère lieu de parler, si elle n’avait inspiré à l’unanimité de la critique un jugement digne de remarque. Tout le monde s’est plaint qu’il y eût désaccord entre la finesse de ton du premier acte, et le ton de bouffonnerie des deux autres. Ce reproche est tout à fait injuste. Car le premier acte est consacré, ainsi qu’il convient, à exposer et expliquer le sujet. Une