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dépassaient pas 386 728 francs. Le déficit est donc de 58 579 francs. Dans les sociétés simplement autorisées, qui sont au nombre de 144 et comprennent 15 178 participantes, la situation est exactement la même. Les recettes provenant des sociétaires ne s’élèvent qu’à 138 169 francs, et les dépenses obligatoires atteignent 153 362 francs. Le déficit est de 15 195 francs. Avec ses uniques ressources, la mutualité féminine ne saurait donc faire face même à ses dépenses obligatoires. Il ne semble pas qu’une contradiction sérieuse puisse être opposée à cette triste, mais irréfragable constatation.

De quoi vivent donc ces sociétés ? De la bienfaisance. Leur déficit annuel est comblé par des dons, et, en particulier, par les cotisations des membres honoraires. Je n’apprendrai rien à personne en disant qu’il est peu ou peut-être point de sociétés de secours mutuels qui ne comptent un plus ou moins grand nombre de membres honoraires, c’est-à-dire de membres qui contribuent par leurs cotisations aux dépenses de la société, mais qui ne participent point à ses avantages. Ce qui est moins connu, c’est leur nombre et l’importance de leur rôle.

Au 31 décembre 1895, les sociétés approuvées, toutes ensemble, comptaient 216 227 membres honoraires contre 1 256 030 participais, ce qui donne pour chaque société un personnel moyen de 29 membres honoraires et de 136 membres participans. Mais, pour les sociétés composées uniquement de femmes, cette proportion est dépassée : elle est de 36 membres honoraires contre 138 membres participantes, et cela est fort heureux, puisque, ainsi que nous venons de le voir, les cotisations des membres participantes ne suffisent point à couvrir les dépenses obligatoires. Dans la réalité des choses, chaque participante coûte à sa société plus qu’elle ne lui apporte par sa contribution. Les sociétés de secours mutuels entre femmes seraient donc en constant déficit si la bienfaisance n’intervenait pour y parer. En étudiant le mécanisme de quelques-unes de ces sociétés, nous verrons sous quelles formes diverses se produit cette intervention nécessaire.


II

Parmi ces 227 sociétés de secours mutuels entre femmes, il en est trois dont le siège est à Paris et dont je voudrais parler, non pas seulement parce que certaines circonstances particulières ou