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appartenant au meilleur monde, veille sur elles de la façon la plus maternelle dans le collège même et hors de lui, s’intéressant à leurs travaux, les aidant à organiser leurs plaisirs, les recevant avec aménité, leur offrant les inestimables avantages du contact et de l’exemple.

Voilà ce que ne rappelle pas Mme Agassiz, qui eut dans ces développemens une trop belle part pour vouloir en faire l’éloge. Elle expose les progrès matériels du Collège grandi par des acquisitions de terrains considérables, elle parle du besoin pressant de créer de nouveaux laboratoires et annonce les généreuses donations faites par certains particuliers en vue de créer des bourses. Les noms d’une trentaine de bachelières et d’une demi-douzaine de licenciées sont proclamés. Elles défilent devant leur présidente, qui remet à chacune un parchemin. J’aurais voulu de profondes révérences, mais il faut bien que les pensionnaires de nos pauvres vieux couvens aient au moins un petit avantage sur leurs triomphantes rivales : ce joli plongeon au plus profond des jupes que nous a légué le menuet.

Mme Agassiz parle en termes chaleureux de miss Kate Peterson qui, ayant rempli toutes les conditions nécessaires pour atteindre au doctorat en philosophie, n’a pu cependant obtenir ce diplôme ; il n’est pas accordé aux étudiantes de Radcliffe. Les flatteuses attestations de ceux-là mêmes qui lui refusent un titre mérité se mêlent aux complimens que miss Peterson reçoit de ses compagnes. Je demande à lui être présentée, et je suis frappée de sa simplicité parfaite. Il n’eût tenu qu’à elle d’aller demander à une autre université le diplôme en règle qu’elle n’aura pas dans celle-ci, mais elle s’en est gardée, satisfaite d’avoir été à l’honneur, fût-ce sans profit. Au fond, un simple certificat de Harvard vaut tous les brevets du monde et miss Peterson ne se laisse pas tenter par des mots. Elle compte parmi ces jeunes filles, de plus en plus nombreuses, qui travaillent pour le plaisir de travailler, qui tiennent à la culture pour la culture elle-même. Avec ses joues roses, son frais sourire, cette jolie philosophe est une preuve vivante de l’excellente éducation qu’on reçoit à Radcliffe. Un prix spécial va lui permettre de se reposer en voyageant. Le prix de 250 dollars (1 250 francs), réservé au meilleur essai en langue anglaise, est décerné à une bachelière, miss Dix, qui a écrit déjà de fort jolies pièces, jouées sur la scène de l’Auditorium.

Puis les chants recommencent, les serremens de main ; de