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liquides ; qu’elle puisse être imbibée complètement par l’un d’eux ; tout au moins, qu’elle lui soit perméable. C’est là une condition nécessaire, mais encore n’est-elle pas suffisante, car la porcelaine dégourdie, qui forme des cloisons poreuses, est impropre aux phénomènes d’osmose, tandis qu’une matière voisine, l’argile cuite (terre de pipe) y est parfaitement propre.

Une manière si différente de se comporter devant l’osmose, chez des corps si analogues à tant d’égards, est bien capable de fournir quelque lumière sur le phénomène qui les distingue. Leur constitution chimique diffère peu : des deux parts c’est un silicate d’alumine avec excès de silice dans le cas de la porcelaine, avec excès d’alumine dans le cas de l’argile ; leur constitution physique les rapproche plus encore, l’une et l’autre sont poreuses, perméables à l’eau et aux solutions salines au point d’en permettre la filtration.

Si l’on cherche un trait qui les distingue, on ne trouvera que celui-ci : l’argile, ou plutôt l’alumine qui en est la base, fixe l’eau et la retient combinée avec tant de force qu’elle n’en est privée que par le feu le plus violent et le plus soutenu. Or, les membranes organisées, propres elles aussi à l’osmose, se trouvent dans le même cas. La remarque est de Dutrochet. L’eau a une grande affinité pour les substances organisées qui, toutes, sont plus ou moins hygrométriques. C’est leur caractère distinctif d’absorber de l’eau qui les gonfle sans les dissoudre et, au résumé, d’en contenir une très grande quantité pour une faible proportion de matériaux propres. Cette eau n’est point déposée dans des espaces préexistans, comme elle l’est dans les pores de la porcelaine dégourdie ; elle se distribue uniformément entre les particules de la matière organisée.

La manière dont se fait cette distribution de l’eau dans la matière organisée des membranes, échappe encore à l’observation scientifique. Une théorie remarquable et assez conforme d’ailleurs aux connaissances positives acquises jusqu’à ce jour en micrographie, pour qu’on puisse dire qu’elle est une image provisoire et hypothétique sans doute, mais fidèle néanmoins des faits réels, vient combler la lacune. Nous voulons parler de la théorie micellaire qu’un savant éminent, Naegeli, a proposée il y a quelques années.

D’après cette doctrine, la matière organisée est formée, non pas comme les corps inorganiques de simples molécules