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c’est-à-dire où les molécules sont isolées et également réparties entre celles de l’eau. Les colloïdes, au contraire, selon Naegeli et O. Hertwig, forment des solutions micellaires ; leurs particules sont des molécules polymérisées, répandues entre les molécules d’eau. L’emploi des solutions colloïdales présente un grand avantage pour l’étude des phénomènes de l’osmose ; elle supprime l’un des deux courans osmotiques, celui qui va de la substance vers l’eau, c’est-à-dire l’exosmose. Il ne laisse plus subsister que l’endosmose ; et c’est là une simplification fort appréciable.

L’osmose fut donc considérée, à la suite des travaux de Graham, comme un cas particulier de la diffusion des liquides. Néanmoins on avait soin de noter que le degré de diffusibilité n’est pas la véritable condition qui règle l’activité de l’osmose. Cette diffusibilité n’entre en jeu qu’aux limites de la membrane ; elle est entravée par la nécessité où sont les liquides d’en traverser l’épaisseur, et, comme nous l’avons dit précédemment, de participer en quelque sorte momentanément à sa constitution.

Cette condition fait bien ressortir l’importance propre de la membrane et restreint l’influence de la diffusion. Dutrochet en a fourni un exemple en plaçant de l’alcool dans un osmomètre à membrane organisée et de l’eau en dehors. Il constatait un appel énergique de l’eau vers l’alcool, c’est-à-dire du liquide le plus dense, vers celui qui l’est le moins ; et ceci tient certainement à ce que la membrane animale n’est pas perméable à l’alcool pur et n’en admet point le passage. Au lieu d’une membrane organisée on a appliqué à l’osmomètre une membrane de caoutchouc, et la situation s’est trouvée renversée. Le caoutchouc est imperméable à l’eau : il a au contraire en tant qu’il est une émulsion desséchée, résineuse, de l’affinité pour l’alcool qui le ramollit sans le dissoudre. La membrane reçoit maintenant et transmet l’alcool à l’exclusion plus ou moins complète de l’eau, et le courant osmotique entraîne cette fois l’alcool vers l’eau.

On vient de voir que l’emploi de certaines substances, (colloïdes, alcool) ou de certaines membranes (caoutchouc) a pour effet de supprimer l’un des deux courans osmotiques et de n’en plus laisser subsister qu’un seul. Cet état de choses constitue, en définitive, une simplification du phénomène. On l’a recherchée pour la précision qu’elle permettrait de donner aux mesures. Lorsque Pfeffer en 1877 remit sur le métier la question de l’osmose, il eut