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direction des travaux. L’administration dressera le compte des journées des terrassiers, elle en remboursera le montant aux entrepreneurs dans les conditions stipulées par les cahiers des charges des entreprises pour le cas où les ingénieurs requièrent l’entrepreneur d’avoir à fournir des ouvriers chargés d’exécuter des travaux qui n’ont pas été compris dans le marché. » La combinaison adoptée présentait, on le voit, de grandes analogies avec les propositions faites dès le début par les entrepreneurs, auxquels elle donnait toute satisfaction. La Ville offrait du reste de résilier les marchés de ceux qui n’accepteraient pas, et de faire remettre les travaux en adjudication. Enfin, pour ceux qui refuseraient toute transaction, c’était la régie pure et simple. Disons tout de suite que, grâce aux efforts du Préfet de la Seine et des ingénieurs, sur 215 entrepreneurs ayant des travaux à exécuter pour le compte de la Ville de Paris, 2 seulement ont refusé de répondre et ont rendu nécessaire une mise en régie.

Une telle solution ne répondait évidemment pas à l’attente de la partie socialiste du Conseil municipal, qui accusa tout haut le Préfet de s’être entendu avec les entrepreneurs pour éviter la mise en régie. En réalité, l’intervention du Conseil a servi à faire la pacification entre les patrons et les ouvriers au détriment des finances de la Ville, et les partisans de l’autonomie communale n’y ont même pas gagné le retrait de L’arrêté du Conseil d’État qui interdit la clause du salaire minimum.

Mais c’est surtout à la Bourse du Travail que le désappointement fut grand et donna lieu à des récriminations violentes. Le Comité de la grève protesta, et, à la réunion du 9 octobre, M. Renaud précisa nettement les prétentions des syndicats.


La mise en régie des travaux de la Ville ne saurait nous donner satisfaction complète. C’est sans doute une première victoire, mais ce n’est pas une solution… Une fois les travaux en cours achevés, que fera-t-on ? On aura recours, comme par le passé, au système des adjudications, et les salaires seront de nouveau avilis. C’est un premier motif pour continuer la grève. Il y en a deux autres. D’abord, tous les grévistes ne travaillent pas pour la Ville de Paris, beaucoup d’entre eux effectuent des travaux particuliers. De ceux-là on ne parle pas, ils seraient donc sacrifiés dans la combinaison. Ensuite plusieurs corporations du bâtiment ont cessé de travailler par esprit de solidarité, d’autres vont suivre cet exemple, les terrassiers doivent se solidariser avec tous les camarades du bâtiment comme ils se sont solidarisés avec eux.


Et comme conclusion, un autre gréviste, M. Febvre, ajouta :