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patrons et d’ouvriers pour réviser la série de 1882 et un jour de repos par semaine. Mais ils réclamaient en outre la journée de huit heures, été comme hiver, et 8 francs par jour. Les scieurs, découpeurs et mouluriers à la mécanique, outre les revendications communes, demandaient l’interdiction d’employer aux machines des ouvriers inexpérimentés ou âgés de moins de 18 ans, et la responsabilité directe des patrons en matière d’accidens. Enfin, on allait voir se produire avec le Syndicat des chemins de fer le programme des revendications formulées dans les congrès socialistes et déjà notifié au ministre des Travaux publics le 12 juillet 1898.

La Fédération du bâtiment s’engage de plus en plus dans cette voie et fait afficher sur les murs de la Bourse du travail de véritables appels à la guerre sociale. Voici la fin d’une de ces affiches :

Exploités !

Plus de 100 000 de vos frères de misère, se dressant contre le patronat impitoyable, vont, ainsi que leurs femmes et leurs enfans, affronter souffrances et privations pour la revendication humaine du droit à l’existence.

Camarades !

Vous ne les abandonnerez pas ! Par votre solidarité, par les sacrifices que vous vous imposerez, vous aiderez à leur triomphe.

Prolétaires !

Nous comptons que le prolétariat universel répondra à votre appel en faveur des affamés en lutte contre leurs exploiteurs.

Vive l’émancipation ouvrière par les ouvriers !

La Fédération du bâtiment.

Les peintres ne sont pas moins violons et « flétrissent » les ouvriers des sociétés coopératives de production qui n’ont pas interrompu le travail. Les terrassiers font également appel à la solidarité et « vouent au mépris » les renégats qui ne répondraient pas à leur appel. Les coltineurs et les ferblantiers zingueurs adhèrent à leur tour à la grève.

De leur côté, les entrepreneurs de maçonnerie font placarder un appel aux ouvriers, les invitant à reprendre le travail le lundi suivant, et ils adressent une lettre au président du Conseil pour protester contre les injures et les attaques du Comité de la grève et contre les violences dont leurs ouvriers sont l’objet. Les entrepreneurs du Métropolitain annoncent aussi la rentrée des