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termine en disant : « Pas de renégats. Vive la grève générale ! »

Le même jour, le Syndicat Guérard décrète la grève des chemins de fer. Il est vrai que, sur 240 sections consultées, 40 seulement ont répondu, et que, sur ce nombre, il n’y en a eu que 28 à se prononcer pour la grève ; il paraît également certain que le Conseil d’administration s’est divisé par moitié, 12 voix contre 12, sur la question de l’opportunité. Le bureau se prononce néanmoins pour l’offensive et fait placarder deux affiches, dont la première, adressée aux ouvriers et employés des chemins de fer, est ainsi conçue :

Syndicat national des travailleurs des chemins de fer de France et des colonies.

Aux Travailleurs des chemins de fer.

Camarades,

Les groupes se sont prononcés, la grève est déclarée. Elle doit commencer immédiatement et ne cessera qu’aux conditions principales suivantes :

1° Aucun gréviste ne sera inquiété ; tous devront être réintégrés, ainsi que les camarades récemment révoqués pour cause syndicale ;

2° Augmentation générale des salaires et appointemens ;

3° Retraite pour tous ;

4° Retraite proportionnelle ;

5° Diminution de la durée du travail.

Pas d’excès, pas de violence, ni contre les chefs, ni contre le matériel. La situation est excellente ; jamais nous n’aurons une occasion plus propice, suivons l’admirable mouvement de solidarité qui, de Paris, s’étend à la province. Plus nous serons nombreux, plus vite nous triompherons.

Courage, camarades, que pas un ne faiblisse à son devoir ! Votre sort est entre vos mains.

Le Conseil d’administration.

L’autre affiche était adressée mi-partie au public, mi-partie aux ouvriers des corporations. Elle signalait les abus dont le personnel des chemins de fer était victime, parlait de femmes « payées 2 fr. 50 par mois », et terminait ainsi :

Unissons-nous pour la conquête des réformes économiques ; que tous solidarisent leurs efforts, et la grève à laquelle nous avons été acculés contre notre gré sera de courte durée.

Signé : le Conseil d’administration du Syndicat des travailleurs des chemins de fer de France et des colonies.

C’est alors que le procureur de la République fit opérer une perquisition au siège du syndicat, cité Riverain, 9, et au domicile