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grandit, plus il produit de fruits dont la maturité a lieu au même moment, comme sous la chaude caresse du soleil d’été.


I

L’étincelle électrique, étudiée par Franklin dans les phénomènes météorologiques, n’aurait probablement pas beaucoup aidé au développement des connaissances de l’électricité sans le hasard qui vient toujours au secours du génie. C’est lui qui servit Galvani dans les recherches qui, à la fin du siècle dernier, ont été le véritable point de départ de la science électrique, alors que, jusque-là, n’existait qu’un ensemble d’expériences, enfantines, curieuses et amusantes.

L’expérience des grenouilles de Galvani est trop connue pour qu’il soit nécessaire de la raconter une fois de plus. Interprétée d’une façon inexacte par son auteur, elle eût égaré les recherches hors de la vraie voie, si le compatriote et contemporain de Galvani, Volta, n’avait démontré que les contractions des grenouilles sont dues non à un fluide animal, mais à une action chimique. C’est ainsi qu’il arriva à la notion du premier générateur continu d’électricité sous forme de courant : la pile électrique.

Volta reconnut que le contact de deux métaux humides donne naissance à l’agent des phénomènes de contraction qu’avait constatés Galvani. Il en renforça les effets en superposant des disques alternés de zinc, de cuivre et de draps imprégnés d’une solution saline. Il reconnut que les effets obtenus, en mettant en rapport la première rondelle de zinc avec la dernière rondelle de cuivre, sont d’autant plus puissans que la colonne est plus haute, c’est-à-dire que le nombre des élémens qui la composent est plus grand. Tant que les rondelles de drap conservent leur humidité, le flux d’électricité se produit d’une façon ininterrompue entre les pôles opposés, positif et négatif, de la pile. C’est le nom qu’on a donné aux deux corps différens qui la composent et qu’on réunit par un fil conducteur dans lequel s’écoule ou paraît s’écouler le courant. On a été amené immédiatement à assimiler ce phénomène à l’écoulement d’un fluide, qui se produit lorsque le circuit extérieur de la pile est fermé, et qui s’interrompt aussitôt que ce circuit est ouvert. Tout se passe, en effet, comme s’il s’agissait d’un fluide émanant de la pile et coulant dans la canalisation extérieure qui la complète. Seulement, ici, la canalisation n’est pas un tuyau, c’est