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un fil plein, qu’on doit choisir parmi les meilleurs conducteurs, et qui est généralement un fil de cuivre.

Les expériences de Volta, commencées en Italie et continuées en France, où il fut appelé par Bonaparte, eurent un retentissement immense. Elles ont dégagé la notion exacte des phénomènes électriques sous une forme qui a rendu possibles les grandes applications industrielles.

Peu à peu fut mise en évidence l’ubiquité de l’électricité. On sait maintenant que tout frottement des corps produit de l’électricité. Les nuages, quand ils glissent les uns sur les autres ou sur un obstacle, dégagent l’électricité sous sa forme la plus violente : l’éclair et le tonnerre. Les plus infimes parcelles des corps, lorsqu’elles s’associent entre elles ou se séparent au cours des réactions chimiques, dégagent une certaine quantité d’électricité. C’est un phénomène général qui domine toutes les transformations dues à l’affinité, aux élans qui portent les atomes les uns vers les autres ou qui les éloignent.

On voit, dès lors, combien a pu se développer la fabrication des piles électriques. La forme que leur avait donnée Volta n’a pas persisté autant que leur nom. Elle était peu appropriée à un usage pratique ; car, aussi bien sous l’influence du poids de la colonne que sous celle de l’évaporation, les rondelles se sèchent, et la pile cesse de fonctionner. Il faut, pour qu’une pile marche sans interruption, qu’elle baigne dans une solution liquide. Ordinairement, c’est plutôt sous la forme d’un vase, d’un bocal, que se présentent les piles. Aucune de celles qu’on emploie aujourd’hui n’a la forme que lui a donnée son créateur. La première, en date, est la pile dite à couronne de tasses, dont chaque élément est une tasse contenant un liquide acidulé, dans lequel on plonge des tiges ou électrodes de zinc et de cuivre. En réunissant chaque zinc au cuivre qui le suit et en terminant la couronne par une extrémité zinc d’un côté, et par une extrémité cuivre de l’autre, on a l’équivalent de la pile de Volta, avec une disposition différente des élémens et la possibilité d’un fonctionnement ininterrompu.

En variant la nature des corps en présence, leur forme, leur disposition réciproque, le ou les liquides qui les baignent, on a pu créer une quantité très considérable d’élémens qui peuvent être associés en nombre quelconque suivant les effets à obtenir. Un ensemble d’élémens forme une batterie. On les accouple, soit en