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réunissant chaque pôle d’un élément avec le pôle contraire de l’élément suivant (disposition en tension), soit en groupant ensemble tous les pôles positifs et tous les pôles négatifs et en réunissant les deux pôles composés, ainsi obtenus, par le circuit extérieur (disposition en quantité). Chacun de ces arrangemens convient à la nature des résultats qu’on a en vue : soit une forte pression, soit un fort débit.

C’est avec les phénomènes produits par de pareilles piles qu’ont été obtenus les premiers effets des courans électriques. Ils ont permis de dissocier divers corps, de décomposer l’eau et plusieurs sels en leurs élémens, et ont amené la découverte de quelques corps simples : le sodium, le potassium, etc. Mais la forme même de ces appareils, leur fragilité, leur volume, les liquides souvent corrosifs qu’ils renferment, les rendent peu transportables, difficiles à manier et, en définitive, peu commodes. La faible intensité des courans individuels de chaque élément nécessite de grands espaces et un matériel énorme pour obtenir un écoulement électrique susceptible de résultats pratiques. Aussi les piles n’occupent-elles, dans la hiérarchie, des générateurs d’électricité, qu’une place modeste. Néanmoins, c’est avec leur concours que fonctionnent encore pour la plupart les grands services de la télégraphie et de la téléphonie. En dehors de ces applications, elles fournissent l’électricité domestique : appels, sonneries, alimentation de petits moteurs.

Malgré le rôle considérable des piles dans l’histoire des grandes applications industrielles, celles-ci auraient donc été, pour ainsi dire, étouffées dans leur germe, s’il ne s’était trouvé un autre moyen de produire les courans électriques. Ce procédé nouveau a été imaginé à la suite des travaux qui ont conduit plusieurs savans, entre autres Œrsted et Ampère, à l’étude de l’action des courans sur les aimans et des aimans sur les courans, travaux qui ont eu pour couronnement la preuve de l’identité des sources du magnétisme, de l’électricité, de la lumière, peut-être même de l’attraction universelle : tous ces phénomènes ne sont, en définitive, que des formes de mouvement.

Ampère a découvert le principe des effets réciproques des aimans et des courans et la transmutation de l’un des phénomènes dans l’autre. Cette conception a eu des conséquences considérables dans l’ordre pratique comme dans l’ordre théorique ; car, d’une part, elle a préludé à l’invention des machines magnéto-électriques