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LA FRANCE DU LEVANT

II[1]
LE VOYAGE DE L’EMPEREUR GUILLAUME II


Constantinople, 17 octobre. La veille de l’arrivée.

Il y a trois villes dans Constantinople, aucune n’a l’air d’attendre un empereur.

Sur la haute colline d’où Péra domine le Bosphore, l’Europe vit et pense par ses colonies nationales, ses diplomates et ses institutions religieuses. Là, il est vrai, l’arrivée de Guillaume II intéresse et préoccupe. Que vient-il faire ? En chargeant Cook and Co de transporter et nourrir à forfait à travers le Levant la cour d’Allemagne comme une bande de touristes économes, l’empereur obéit-il seulement à une certaine impuissance de rester en place, et ce potentat soupçonné de bouleverser le monde, ne serait-il ambitieux que de s’y promener ? ou, comme ces négocians avisés qui emportent même dans leurs voyages de vacances leur carte d’échantillons, et pour qui le meilleur des délassemens est une bonne affaire, vient-il rappeler au sultan l’aptitude de l’Allemagne à construire des ports, des voies ferrées, à prêter de l’argent, à fournir toutes les choses nécessaires à la vie et à la mort, et la convenance pour la Turquie de manifester

  1. Voyez la Revue du 15 novembre