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REVUE LITTÉRAIRE

UN LIVRE SUR LA « COMÉDIE NOUVELLE »

Il y a un Français qui pendant vingt-cinq années n’a mis les pieds à la Comédie-Française, ni au Vaudeville, ni aux Variétés, ni aux Folies-Bergère. Il est vrai que ce Français habite en Angleterre. Mais c’est à peine une excuse. Son cas restera pour beaucoup de gens inconcevable et leur semblera même un peu inconvenant. Puis la tentation a été la plus forte, M. Filon a eu la curiosité de savoir ce qui se passe dans ces théâtres qui ont charmé sa jeunesse. Il a pensé que vingt-cinq ans, c’est un long espace de notre vie mortelle, et que, tant de choses ayant changé sur le théâtre du vaste monde, quelques changemens aussi pouvaient bien s’être faits dans le monde des théâtres. Il est retourné à la Comédie-Française, au Vaudeville, aux Variétés et ailleurs, afin d’y éprouver de l’étonnement. Il nous conte ses impressions dans un livre de critique qu’il intitule De Dumas à Rostand[1]. Le titre risque de nous induire en erreur, puisqu’il semblerait indiquer que le théâtre en s’éloignant de Dumas ait abouti à Rostand ; mais l’auteur voulait inscrire sur la couverture deux noms dont les syllabes fussent retentissantes ; au surplus il importe peu, et un titre n’est qu’un titre. Le livre est agréable et instructif ; et, si abondante que soit la littérature spéciale dont nous entourons les productions de l’art dramatique, il ne fait double emploi avec aucun autre. La raison en est sans doute aux rares qualités de l’écrivain, à sa culture très étendue, à sa verve spirituelle, à la franchise de sa critique ; elle est encore dans cet

  1. Augustin Filon : De Dumas à Rostand. Esquisse du mouvement dramatique contemporain, 1 vol. in-18, chez Armand Colin.