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télégramme lui annonçant que son fils va venir le voir, en compagnie de deux de ses amis, dans le château désert où il achève sa vie. Et en effet les trois jeunes gens arrivent ; le vieillard, en leur honneur, invite à diner les notables du village ; et l’on dîne, et l’on cause, et l’on joue au billard ; et le lendemain les jeunes gens repartent pour Berlin, après avoir visité le château et les environs. Ils s’arrêtent cependant encore, en chemin, chez la sœur ainée du vieux Dubslav, qui est supérieure d’un couvent luthérien, à quelques kilomètres de Stechlin ; et là encore ils dînent, et ils causent ; puis, l’heure du train approchant, ils prennent congé. C’est la première partie du roman : elle remplit un peu plus de cent trente pages.

La seconde partie nous transporte à Berlin. Woldemar de Stechlin, le fils du major, a fait la connaissance d’un ancien diplomate, le comte Barby, veuf, et qui demeure avec ses deux filles. Woldemar trouve un charme sans cesse plus fort dans la société de ces deux jeunes femmes, spirituelles et jolies ; il passe auprès d’elles toutes ses heures de loisir ; et, un dimanche d’été, il les conduit avec leur père dans un petit restaurant des bords de la Sprée. On goûte, on cause, et l’on rentre en ville. Cela tient encore environ cent pages.

Troisième partie : le vieux Stechlin se présente aux élections du Reichstag, en remplacement d’un conservateur : il est battu par le candidat socialiste. Quatrième partie : au retour d’un voyage à Londres, Woldemar demande en mariage la plus jeune des filles du comte Barby, il va la présenter à son père et à sa tante ; on célèbre la noce ; et le jeune couple part pour l’Italie. Cinquième et dernière partie : le vieux Stechlin prend froid, son état empire de jour en jour, et il meurt. Son fils, prévenu trop tard, ne peut même assister à son enterrement : mais, moins d’un an après il quitte l’armée, pour s’installer à Stechlin avec sa jeune femme.

Voilà tout le roman. Je ne crois pas avoir omis un seul fait de quelque importance ; et les faits que j’ai notés sont eux-mêmes entourés de tant de hors-d’œuvre, descriptions, dialogues, anecdotes, discussions politiques, historiques ou mondaines, que c’est à peine si l’on s’avise de les remarquer. La demande en mariage, par exemple, se cache à la fin d’un chapitre où il n’a été question que de Londres, d’Edith au col de cygne, et de la peinture préraphaélite ; et rien, dans ce qui précède, ne nous indique que Woldemar se soit décidé à se marier ; et pas un moment, jusque-là, nous ne devinons de laquelle des deux jeunes femmes il est amoureux. Il ne cesse pas de s’entretenir avec l’une ou l’autre, durant des centaines de pages ; mais leurs