Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/948

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

édités par la maison Hachette ; du Journal d’un Marin, de M. P. Vigné d’Octon, publié chez M. L.-Henry May.

Ce sont les aventures merveilleuses, les péripéties émouvantes, les sentimens généreux qui plairont toujours à la jeunesse. Elle trouvera amplement à se satisfaire dans la Chanson de geste de Huon de Bordeaux[1], véritable poème épique de la fin du XIIe siècle et l’un des premiers qui aient combiné les élémens merveilleux des contes venus de Bretagne ou d’Orient avec la matière sévère des vieux poèmes purement nationaux. Le principal attrait du poème est peut-être le récit lui-même, l’enchaînement facile des aventures dont il se compose et dont chacune provoque la surprise et l’émotion. Il nous transporte tantôt dans le monde féodal en France et tantôt en Orient, et le dénouement en est harmonieux, habilement mêlé d’angoisses et de sourires. Toujours plein d’entrain et de mouvement, d’une saveur franche et d’une allure primesautière ; le récit est amusant : il a la bonne humeur, la grâce et la légèreté, ce je ne sais quoi de particulièrement français qui fait le charme de notre littérature de tous les temps. C’est assez pour le faire aimer, et ce serait assez pour que ce beau livre ait la vogue auprès de tous jeunes et vieux, mais il est, de plus, merveilleusement illustré et imprimé, avec les aquarelles et les encadremens de pages de Manuel Orazi, reproduits en fac-similés, et les caractères dessinés par M. Eugène Grasset, dont le tirage est de tous points parfait.

Dans les romans, contes moraux et honnêtes où la moralité n’exclut pas l’agrément et dont quelques-uns sont relevés par le charme du style, une observation toujours fine et délicate, tout le monde a lu Mon Oncle et mon Curé[2] ce joli récit, où Reine de Lavalle, — vive et ingénue, à la fois pleine de candeur et de hardiesse et dont la pensée sait côtoyer tous les écueils sans qu’elle-même y perde rien de son charme de vraie jeune fille, — nous raconte les épreuves, les chagrins de sa triste enfance, mêlés à ses rêves d’amour, à ses espérances. Citons encore la Roche-qui-tue[3], épisode des guerres de la Révolution et de la défense de la Bretagne contre les Anglais ; le Bateau-des-Sorcières[4] scènes de mœurs bretonnes très bien observées, et le Démon des Sables[5], récit des péripéties de la campagne d’Egypte, de M. Gustave

  1. Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux, mises en nouveau langage, par M. Gaston Paris, 1 vol. in-4o illustré par Manuel Orazi. Firmin-Didot.
  2. Mon Oncle et mon Curé, par Jean de La Brète, 1 vol. in-8o illustré. Plon.
  3. La Roche-qui-tue, par M. Pierre Maël, 1 vol. petit in-4o illustré. Marne.
  4. Le Bateau-des-Sorcières, par M. Gustave Toudouze, 1 vol. in-4o illustré. Maine.
  5. Le Démon des Sables, par M. Gustave Toudouze, 1 vol. in-8o illustré. Hachette.