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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 151.djvu/73

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innovation, dont l’utilité politique lui était apparue : le télégraphe électrique reliait Pékin aux diverses extrémités de l’Empire. Il avait fait arracher en 1877 les rails du petit chemin de fer de 20 kilomètres de Shanghaï à Woosung et si, depuis 1889, il se donnait l’air d’étudier la ligne de Pékin à Hankéou, c’était uniquement pour jeter de la poudre aux yeux. Aucun progrès sérieux ne paraissait possible en Chine dans ces conditions, les méthodes indigènes surannées qui continuaient à s’appliquer ne permettaient pas le développement de la production et le mouvement même des échanges extérieurs semblait ainsi condamné à ne s’accroître que très lentement.

Le traité de Shimonosaki, qui termina la guerre entre la Chine et le Japon, vint, en avril 1895, apporter d’importantes modifications à ce régime et ouvrir de nouvelles perspectives aux étrangers de tous pays qui, en vertu de la clause de la nation la plus favorisée, insérée dans les traités, profitaient des nouveaux avantages faits aux sujets du Mikado. L’article 6 de cet important instrument diplomatique stipulait d’abord l’ouverture de quatre nouveaux ports et le droit de navigation à vapeur sur les canaux et les rivières y donnant accès, puis il accordait aux étrangers voyageant dans l’intérieur pour y faire des achats ou transporter à destination des marchandises importées, la faculté de louer des locaux pour y entreposer ces marchandises et ce, sans payer aucune taxe ; enfin et surtout, « les sujets japonais, était-il dit, auront la liberté d’établir des manufactures de toute espèce dans les villes et ports ouverts de la Chine et d’importer en Chine toute sorte de machines, moyennant le paiement d’un droit de douane fixé. Les articles manufacturés par des sujets japonais sur le territoire chinois seront, en ce qui concerne les taxes intérieures et de transit, les droits, charges et impôts de toute sorte, et en ce qui concerne également les facilités d’entrepôt et de magasinage dans l’intérieur, assimilés aux articles importés par les étrangers en Chine et jouiront des mêmes privilèges. »

Cette concession est d’une extrême importance, puisqu’elle permet de réunir les avantages des machines perfectionnées de l’Europe et de la main-d’œuvre à bas prix de la Chine pour fabriquer des articles dont la matière première elle-même se trouve souvent dans le voisinage immédiat des ports ouverts, lorsqu’il s’agit surtout de manufactures de soie ou de coton. La clause qui termine le paragraphe que nous avons cité semble assez extraordinaire et,