Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA FRANCE DU LEVANT

IV[1]
LES CAUSES DE DÉCLIN

Les affaires d’Arménie, de Grèce, de Crète, et le pèlerinage de Guillaume II sont les derniers incidens d’un conflit ouvert depuis le jour où l’Islam a conquis par la force une partie de la chrétienté. Nos défiances contre un empereur qui ne nous a pas donné le droit de l’aimer, nos griefs contre un sultan qui vient de rajeunir dans ses États la barbarie ont ramené nos regards vers l’Orient. Nos sollicitudes y cherchent notre place : mais c’est par-delà les colères et les jalousies d’un jour qu’elle doit être contemplée. Le cours de nos rapports avec la puissance ottomane est réglé par des causes plus générales et plus permanentes. Si notre patriotisme veut connaître le progrès ou le déclin de la France dans le Levant, il lui faut remonter à l’origine de nos droits, et suivre le cours des changemens que la lenteur des siècles prépare et mesure.

La France a tenu deux conduites successives et contraires envers l’Islam. Du VIIIe au XVIe siècle elle a cru, et l’Europe avec elle, que la civilisation avait pour ennemi public le mahométisme, et que le principal devoir de la société chrétienne était de soustraire les populations chrétiennes au joug musulman. De cette

  1. Voyez la Revue des 15 novembre et 15 décembre 1898 et du 15 janvier 1899.