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Enfin, au moment de quitter Milan pour Gorgonzola, l’Empereur reçut une nouvelle réconfortante. Le ministère tory avait été renversé par une majorité de dix voix. Comment cet événement heureux s’était-il produit ? Dans quelles circonstances ? Quels allaient être les successeurs de Derby ? Il l’ignorait. Du moins il était certain que le ministère nouveau ne saurait être pire que le précédent, surtout si, selon toutes les probabilités, Palmerston en était le chef.


VI. — SOLFER1NO


I

Giülay, en conséquence de l’abandon de la ligne du Pô, avait évacué Plaisance et les Légations ; il ne se maintint pas sur l’Adda, il se retira sans s’arrêter, avec ordre et très habilement, jusqu’à la Chiese (16 juin). Il se préparait à y livrer une nouvelle bataille quand, averti d’une disgrâce imminente, il la devança et donna sa démission : il n’avait plus l’autorité morale qui permet le commandement.

L’empereur François-Joseph constitua deux armées, l’une sous Wimpffen[1], l’autre sous Schlick ; il prit le commandement supérieur avec le feld-maréchal Hess comme chef d’état-major (17 et 18 juin). Le chef d’état-major proposait de recommencer ce qui, en 1849, réussit à Radetzky dont il avait été l’aide de camp : abandonner la ligne du Mincio, se retrancher derrière celle de l’Adige, dans le quadrilatère, y attirer l’ennemi, et, après l’avoir battu dans une bataille défensive, reprendre l’offensive. Le général Schlick, soutenu vivement par le général Ramming, jugeait préférable de se maintenir derrière la Chiese sur la ligne de Lonato-Castiglione, et d’y tenter encore la fortune des armes sur les hauteurs de Castiglione. Après d’interminables va-et-vient d’opinion, le plan de Hess fut adopté, et l’armée se reporta sur la rive gauche du Mincio (20 juin) par huit ponts sur un front de quarante kilomètres. Aussitôt cette retraite exécutée, on la déplore ; on regrette l’abandon des belles positions de la Chiese, et l’on

  1. Sans relation avec le nôtre, si ce n’est de nom.